Nouvelles Editions Oswald - La flamme de la vengeance

Titre Original : nouvelles

Collection : Fantastique - SF - Aventure n° 206
Date de Parution : Avril 1988
Traducteur : François Truchaud
Nombre de pages : 155
Couverture : Jean-Michel Nicollet


Sommaire du livre :



- Des instants d'éternité, Préface de François TRUCHAUD
- Le Moment suprême (The Supreme Moment), traduit par François TRUCHAUD
- Les Cavaliers noirs de la mort (Death's Black Riders), traduit par François TRUCHAUD
- La Flamme de la vengeance (The blue flame of vengeance), traduit par François TRUCHAUD
- Les Souterrains de l'horreur (Dagon manor), traduit par François TRUCHAUD
- L'Apparition sur le ring (The apparition in the prize ring), traduit par François TRUCHAUD
- La Grande combine (Double-cross), traduit par François TRUCHAUD
- Le Fantôme au chapeau de soie (The ghost with the silk hat), traduit par François TRUCHAUD


Préface du livre :

Des instants d’éternité

« La mort est une flamme bleue qui danse au-dessus des cadavres. »
Solomon Kane

« …mais le profane ne saurait comprendre les motivations des enfants de la boxe, pour qui la victoire est plus précieuse que la vie, et la défaire pire que la mort! » Une phrase, parmi bien d’autres, propre à tétaniser le lecteur, qui démontre, une fois de plus, l’immense talent de Howard, le « best-seller tous azimuts » de cette collection.
Après Le manoir de la terreur et L’île des épouvantes, les sept nouvelles du présent recueil, le trente-troisième REH chez NéO sont représentatives du génie visionnaire de « Two-Gun Bob », par le biais du fantastique et de l’aventure (le ring est un lieu particulièrement privilégié et exemplaire) et nous permettent de mieux comprendre les mécanismes de sa création, sa philosophie et son métier d’écrire. Une seule de ces nouvelles parut du vivant de REH, deux autres sont des « fragments », des histoires inachevées et terminées par d’autres, et certaines furent refusées par les éditeurs de l’époque (Howard n’acceptant pas de se plier aux critères en vigueur, le « rebelle », toujours!) et publiées au cours de cette dernière décennie. Mais elles reflètent parfaitement le jaillissement continuel d’une création pleine de bruit et de fureur, et sont autant d’instants d’éternité…
Le moment suprême (paru dans Crypt of Cthulhu, de Robert M. Price, N°25, Michaelmas 1984) est une histoire fantastique, à la limite de la science-fiction (Howard a rarement abordé ce genre) dont la parabole est évident, le personnage du vieux savant symbolisant l’artiste – et Howard lui-même – et son attitude face au monde. Ce court récit frappe par sa dureté de ton, son aigreur (la solitude du savant, ou de l’artiste, incompris) et sa sécheresse. Soulignons la puissance d’évocation et le tour de force que représente cette histoire : en quelque pages, Howard brosse un magnifique tableau du monde menacé de destruction et s’offre le luxe de raconter la vie du savant dans un style proche de celui de Dickens ou de Jack London! A ce moment suprême répond le geste « suprême » de Howard, le 11 juin 1936…
Les cavaliers noirs de la mort (paru dans le magazine Fantasy Book en juin 1984) est une histoire inachevée de Howard, soit le poème et le début du récit, que termina Fred Blosser, lequel avait déjà terminé Le mystère de Tannernoe Lodge, une aventure de Steve Harrison. Cette courte nouvelle nous permet de retrouver le justicier solitaire, le fou mystique, le Puritain à la mine sombre, j’ai nommé Solomon Kane! Regrettons que cette nouvelle aventure, située en Forêt-Noire, ne soit pas plus longue, car Fred Blosser a parfaitement restitué l’atmosphère sombre et fantastique des exploits du « grand bretteur devant l’Eternel »!
Le flamme de la vengeance (paru dans Over the Edge, une anthologie d’August Derleth, Arkham House, 1964) est une tentative insolite et parfaitement réussie. En effet, il ne s’agit pas d‘un texte inachevé de Howard. John Pocsik a réécrit Les épées de la fraternité (une nouvelle parue dans le premier recueil de Kane) en y introduisant un élément fantastique, la « créature de la mer » et les pouvoirs de nécromant de George Banway. Redécoupant habilement les chapitres écrits par Howard et conservant certains passages, Pocsik a, en fait, écrit une nouvelle aventure du Puritain, pour notre plus grand plaisir! Le fantastique prédomine et Kane affronte les forces des Ténèbres. Une fois de plus, « La flamme bleue de la vengeance brûle dans son cœur, nuit et jour »…
Les souterrains de l’horreur (paru dans Shudder Stories, de Robert M. Price N°4, mars 1986) est une histoire inachevée de Howard, soit trois cents mots (le début du récit) et terminée par C.J. Henderson. Howard avait commencé son histoire dans une ambiance proche des aventures de Steve Harrison, et il y avait certains noms propres, dont celui de Dagon! Tout naturellement, Henderson partit dans cette direction et « raccrocha » son histoire à certaines nouvelles plus « lovecraftiennes » de REH, dont Les enfants de la nuit, Ne me creusez pas de tombe, Celui qui hantait la bague et La maison parmi les chênes. Ce qui nous vaut une nouvelle saga de Conrad et Kirowan (les principaux protagonistes des histoires précitées) avec, en prime, une série de « rétrospectives » - comme on dit au Québec pour éviter l’anglicisme flash-back! – et un récit échevelé et haletant, digne d’un roman-feuilleton du début du siècle. Dans sa précipitation « frénétique », Henderson s’embrouille parfois dans son histoire et pratique des « ellipses » poétiques (certains faits demeurent inexpliqués et certains détails apparaissent brusquement comme allant de soi, alors que le lecteur n’en avait pas encore eu connaissance!) mais le résultat est une splendide nouvelle d’horreur, sanglante à souhait, et le Grand Ancien, Gol-Goroth, rejoint le panthéon du Mythe de Cthulhu! Une abomination lovecraftienne, « revisitée » par Henderson dans un esprit howardien, c’est tout dire!
L’apparition sur le ring (paru sous le pseudonyme de John Taverel dans Ghost Stories, en avril 1929) n’a jamais été réédité, à ma connaissance, depuis sa publication originale, un cadeau que le lecteur français appréciera. Le titre original était The Spirit of Tom Molyneaux ; cette nouvelle fut refusée par les magazines Fight Story et Argosy, et finalement acceptée par Ghost Story. Howard toucha 95 dollars. Ecrite en 1928, c’est en fait la toute première histoire de boxe écrite par REH, prélude à de nombreuses autres histoires de boxe « sérieuse » et à la série Steve Costigan (et Dennis Dorgan). Mais, comme dans La voix de l’au-delà et L’empreinte sanglante (parus dans Le manoir de la terreur) c’est une nouvelle fantastique, avec un thème superbe : celui du portrait (Graham Masterton n’est pas loin!) « porte entre ce monde et l’au-delà ». Nous avons droit à un magnifique combat avec des commentaires dont Howard a le secret : « tels deux hommes seuls sur le toit du monde », « le plus grand drame du monde de la boxe se jouait sur le ring », et il avait besoin de quelque chose pour « l’embraser et le porter vers des cimes d’effort surhumains ». Pour REH la boxe est une école de volonté et de courage, une véritable philosophie, et pour le boxeur c’est le « moment de vérité ». Citons la dernière phrase, credo du fantastique selon Howard: « je crois qu’un grand amour désintéressé est assez fort pour appeler les esprits des morts à l’aide des vivants », et soulignons que c’est l’une des rares histoires de Howard dont le personnage principal soit un Noir, qui plus est, un Noir sympathique. Ace Jessel fait figure de « cavalier seul » au sein de cette cohorte de personnages démoniaques issus des ténèbres de la jungle africaine!
La grande combine (paru dans Bran Mak Morn: A Play, édité par Robert M. Price, The Cromlech series, 1983) nous permet de retrouver Ace Jessel et John Taverel. Cette nouvelle, sans doute refusée par Ghost Stories à l’époque, est une histoire de boxe pure. Howard développe le personnage d’Ace Jessel (sa lutte pour s’élever au-dessus de sa condition et devenir un grand boxeur) et fait le magnifique portrait d’un aristocrate déchu qui se « rachètera » et prendra un nouveau départ dans la vie. REH s’attarde sur certains paysages du vieux Sud (où Ace Jessel passa son enfance) et s’insurge contre le racisme des habitants d’une petite ville. Une fois de plus, REH nous raconte un combat de boxe avec sa maestria habituelle (le lecteur se retrouve dans l’ambiance des aventures de Steve Costigan) avec la très belle idée de Joe Cameron, le « patron » des chroniqueurs sportifs, et une superbe évocation des combats à poings nus de l’ancien temps. Cette histoire, empreinte de nostalgie, d’humour et de tendresse, semble isolée sans [sic] l’œuvre de REH, et n’est est que plus précieuse. Un autre moment d’éternité…
Le fantôme au chapeau de soie (inédit aux USA, première parution mondiale en 1986 dans Writer in the Dark, Dark Carneval Press, publication suisse et néanmoins en langue anglaise, que nous devons à Thomas Kovacs, déjà salué dans les précédents volumes) fut écrit en 1933, à l’époque où Howard se lançait dans le genre « policier ». Apparemment, cette longue nouvelle fut refusée par les magazines Danger Trail et Ace High, et REH la rangea dans ses tiroirs. A nouveau, cette histoire fait figure d’exception dans son œuvre, puisque les héros ne sont pas des « aventuriers musclés », mais de jeunes garçons! En fait, Howard avait écrit les premières aventures de Steve Bender, Weary McGraw et la Baleine dans les années vingt (trois nouvelles dont deux fragments) c’est-à-dire au tout début de sa carrière. Et, à l’instar de Bran Mak Morn, El Borak et Allison, il « rappela ces personnages à la vie » beaucoup plus tard, puisant sans nul doute dans ses souvenirs d’enfance (ainsi l’épisode du cirque). Tout à la fois récit policier, histoire (faussement) fantastique et chronique de l’enfance, cette nouvelle se signale par son humour et ses réflexions savoureuses : les répliques fusent de toues parts, les phrases sont interminables et embrouillées à plaisir (comme certains passages de Steve Costigan) et les dialogues jubilatoires! Howard s’amuse, c’est incontestable. Il s’en donne à cœur joie dans cette histoire de fantôme et de maison hantée, jouant sur la peur du noir et de l’inconnu, d’autant plus forte qu’elle est vécue par des enfants! Weary joue à « Shellbark le détective », Steve devient « fou furieux » et la Baleine coupe le souffle à ses adversaires! En fait, ces trois garçons pourraient être trois aspects de Howard lui-même (un tableau composite de sa personnalité complexe). Soulignons les cauchemars, très drôles, que fait Steve (faut-il encore insister sur le choix de ce prénom?), l’intrigue échevelée et humoristique, l’ambiance magnifiquement restituée de la maison où les garçons se glissent la nuit, et l’atmosphère poétique (nostalgique?) qui baigne cette histoire. Et cette phrase relevée au hasard: « Wilfred pleurait comme un enfant », réflexion portant sur un jeune garçon et faite par un garçon du même âge! De la subtilité des dialogues de REH!
A présent, en attendant Le Rebelle (une surprise de taille, un événement mondial !) voici sept nouvelles, sept instants d’éternité, et tout le talent de REH!

François Truchaud
Ville d’Avray
6 mars 1988


Dos du livre :

« — Entends-moi, ô Seigneur ! dit Solomon Kane d'une voix redoutable. La flamme bleue de la vengeance brûle dans mon cœur, nuit et jour, et ne m'accorde aucun repos. Elle doit être éteinte dans le sang de cet être abject... George Banway. Je tuerai cet homme avant les premières lueurs de l'aube ou bien, par les chiens de la haine, que Satan m'emporte vers les fosses ardentes de l'Enfer !

Le cri solitaire d'une mouette lui répondit et le vent gémit tristement. Puis Kane se dirigea vers le manoir dissimulé par les brumes du crépuscule. »

Après Le manoir de la terreur et L'île des épouvantes, voici sept nouvelles de fantasti­que et d'aventures, ou la vision hallucinée du génial « Two-Gun Bob » ! Pour ce trente-troisième REH chez NéO, toujours un univers cauchemardesque, glau­que et hanté par l'horreur... les Forces du Mal et de la Nuit se déchaînent sur le monde ! Et, le temps de deux aventures, le lecteur aura la joie de retrouver le justicier solitaire, le fou mystique, le Puritain à la mine sombre : Solomon Kane !
En attendant Le Rebelle... un roman signé REH.

Robert Ervin Howard est né à Peaster (Texas) en 1906. Il s'est suicidé en 1936. Quinze ans de création littéraire lui ont suffi pour devenir l'un des maîtres du fantastique et de l'heroic fantasy. A l'exception des Conan (Lattes, puis J'Ai Lu), nous avons publié tout ce qui a été traduit de lui en français et nous continuerons : Le pacte noir, Kull le roi barbare, Solomon Kane, Le retour de Kane, L'homme noir, Bran Mak Morn, Cormac Mac Art, Agnès de Chastillon, El Borak l'invincible, El Borak le Redoutable, El Borak le Magnifique, El Borak l'Eternel, Wild Bill Clanton, Kirby O'Donnell, Cormac Fitzgeoffrey, Steve Harrison et le Maître des Morts, Steve Harrison et le talon d'argent, Vulmea le pirate noir, Sonya la Rouge, Les habitants des tombes, Le tertre maudit, Le chien de la mort, La main de la déesse noire, La route d'Azraël, Almuric, Le seigneur de Samarcande, Steve Costigan, Steve Costigan et le Signe du Serpent, Steve Costigan le champion, Dennis Dorgan, Le manoir de la terreur, L'île des épouvantes, trente-deux volumes magiques et fous, tous traduits par le meilleur spécialiste de l'œuvre de Howard que nous ayons en France : François Truchaud, à qui nous devons également la traduction de Chants de guerre et de mort, poèmes fantastiques de Howard, parus d'abord en édition de grand luxe et qui vont reparaître, en avril, en édition courante.