Nouvelles Editions Oswald - Le Rebelle

Titre Original : Post Oaks and Sand Roughs

Collection : Fantastique - SF - Aventure n° 215
Date de Parution : Janvier 1989
Traducteur : François Truchaud
Nombre de pages : 172
Couverture : Jean-Michel Nicollet


Sommaire du livre :



- Portrait de l'artiste en jeune homme, Préface de François TRUCHAUD
- Index, Index par Glenn LORD


Préface du livre :

Portrait de l’artiste en jeune homme

Pour Sabine,
le 3 avril 1988.

En raison de circonstances tout à fait indépendantes de ma volonté, Le Rebelle paraît avec plusieurs mois de retard, mais que le lecteur se rassure, car les Dieux Noirs, un instant irrités, sont de nouveau avec nous, et la vie – ou plutôt les rêves – reprend son cœurs normal. Dans les mois à venir, de nombreuses surprises attendent les admirateurs et fanatiques inconditionnels du divin Howard, un peu de patience donc!
Pour saluer ce trente-quatrième REH chez NéO, un événement de taille et une première mondiale, puisque ce roman n’a jamais été publié dans le monde entier – après la France, ce sera sans doute l’Allemagne, grâce à Thomas Kovacs, puis les Etats-Unis, chez Donald M. Grant, en 1989 – une nouvelle photo de « Two-Gun Bob » savourant une « petite mousse ». Au dos de cette photographie envoyée à E. Hoffman Price, il avait écrit : « Schlitz n’a pas versé un cent pour cette publicité spontanée… et ne le fera sans doute jamais. » L’humour, toujours!
Au printemps 1928, Howard, alors âgé de vingt-deux ans, décidait « d’écrire l’histoire de sa propre vie, s’efforçant de la rendre intéressante en décrivant de manière réaliste la monotonie et le clinquant de la vie d’une petite ville, les tâtonnements futiles et avortés de l’humanité, et les échecs et les ambitions de gens qui luttaient comme lui-même. » Rappelons qu’à la même période, il écrivit la nouvelle L’or du Cheval du Diable, parue dans le recueil Le manoir de la terreur, et il y a bien des ressemblances. Pourtant, si la démarche est la même, les intentions sont tout à fait différentes ; dans la nouvelle, Mike Costigan était Howard tel qu’il se voyait ou se rêvait, et dans ce roman, Steve Costigan est Howard tel qu’en lui-même, sans fard, mis à nu avec une sincérité parfois désarmante. Dès lors, cette entreprise passionnante nous vaut un magnifique « portrait de l’artiste en jeune homme » que nous voyons vivre au jour le jour.
1924-1928, les « années-lumières » ou l’apprentissage de la vie et du métier d’écrivain pour le jeune Howard. Dans ce roman largement autobiographique. REH se livre à nous dans toute sa démesure et ses excès, ses contradictions, sa violence intérieure et son mal de vivre. Il nous raconte sa vie à Cross Plains, ses début littéraires, ses première nouvelles publiées dans Weird Tales, mais aussi ses rêves, ses passions, ses joies et ses peines, sa solitude et ses ambitions souvent déçues, sa volonté de réussir et d’être reconnu en tant qu’artiste, abordant tous les sujets au fil de ces pages tumultueuses : la littérature fantastique, la poésie, la boxe, l’amitié, l’argent, le système américain contre lequel il se révolte. Fureur d’écrire et fureur de vivre pour ce jeune homme en colère… le superbe autoportrait d’un rêveur solitaire, plus grand que nature, à l’image de ses personnages.
Il est significatif que ce roman commence par un match de football, aussitôt suivi d’un combat de boxe opposant Steve et Clive. Pour Howard, le sport, l’activité physique (il en parle souvent) est aussi important que l’activité intellectuelle : c’est pour lui le moyen de s’exprimer pleinement, mais aussi d’exorciser ses démons intérieurs, de libérer sa violence. Pour preuve cette phrase, véritable credo de Howard et de ses personnages: « Assurément il y avait un font de sauvagerie chez eux – au tréfonds de leur être était tapi l’esprit tumultueux et rebelle de l’antique et violente race caucasienne (…) Mais, comme chez tous les hommes nourris par la civilisation, cet instinct était étouffé par des siècles de livres et de philosophie, de salons de thé et de boudoirs, de culture et de domination féminine. »
Howard excelle à « rapporter les faits de tous les jours, ces faits insignifiants », en dents de scie, sans queue ni tête, à l’image de la vie. Sa scolarité, la pension de famille de Brownwood, ses parents (il fait parler sa mère deux fois, son père une fois, dans des dialogues très courts, se contentant de mentionner « la famille Costigan »), les « petits boulots » et surtout sa volonté d’être publié dans Weird Tales, et sa joie lorsque paraît enfin sa première nouvelle. Le long passage concernant Gloria est également révélateur de l’attitude de Steve/Howard, faisant preuve de virilité et se montrant protecteur lorsqu’il est confronté à la « faiblesse naturelle d’une femme ». L’échange de lettres avec Clive est savoureux, tout en révélant les tendances « schizophrènes » de REH, persuadé d’avoir été trahi par ses amis qui le considèrent comme un bouffon, un original, un excentrique. Il se révolte contre le « désert intellectuel » de Cross Plains, mais aussi contre le système américain, se livrant à une violente imprécation contre « L’Homme d’Affaires Américain » et l’argent. Il proclame son individualité, sa singularité de « rêveur, demeurant dans des citadelles d’illusions », préférant les rêves à la réalité.
Au fil de ces pages précieuses, nous découvrons la méthode de travail de REH, sa frénésie d’écrire (souvent des jours et des nuits d’affilée, interrompant brusquement une nouvelle pour en commencer une autre) véritable boulimie, mais aussi son impatience de débutant, l’envoi d’un manuscrit à une revue et l’attente anxieuse d’une réponse – souvent un refus laconique, ce qui le met en fureur – pour se remettre aussitôt au travail, jamais découragé, toujours obstiné, luttant toujours pour réussir et « vivre de sa plume », le rêve de tout écrivain – être accepté et reconnu comme tel – « car le seul péché impardonnable en Amérique est de ne pas avoir d’argent! » Steve parle longuement de poésie (son dieu est Kipling) et de ses recherches dans ce domaine, mais aussi de sa virilité, « submergée par ses ambitions et l’amour pour son travail », d’une nuit folle passée dans un ranch avec ses amis (l’humour est gargantuesque) et de son travail dans un drugstore. Ce passage, une nouvelle fois particulièrement révélateur, nous montre un Howard paranoïaque – par-delà les outrances de la jeunesse et de la « fiction », se mettant en scène par le truchement de Steve – en « rajoutant » à plaisir, se traitant de lâche mais prêt à commettre un meurtre! La violence confine à la folie. Notons que l’idée du suicide est mentionnée plusieurs fois (avec répulsion, la première fois, comme une plaisanterie la seconde fois, et plus tragiquement – par Clive – la troisième fois). Nous avons droit à un nouveau combat de boxe, dans la fabrique de glace, au cours duquel Steve, exalté, savoure pleinement la vie : tuer ou être tué! Peu après, il assiste à un combat professionnel, où les boxeurs « se battaient pour la gloire et pour la haine », dans un climat annonçant les futurs Costigan! Véritable adepte du « body-building », Steve/Howard fait des poids et haltères et se transforme physiquement, devenant un véritable colosse et un homme, son rêve depuis toujours.
Il est également beaucoup question de rêves dans ce roman. A l’affirmation « les rêves sont la vie pour moi » succède la phrase, terrible aveu de la défaire, « nos rêves sont des illusions », mais Steve/Howard s’accroche à la vie et continue de se battre, de se cramponner à cette échelle qui le mènera au succès, dans le métier qu’il a librement choisi, fuyant la réalité et vivant au sein de ses rêves. D’où une contradiction fondamentale, impossible à résoudre, annonçant une issue fatale?
Howard met les dernières touches à son portrait en pied, précisant les goûts vestimentaires de « Steve », sa coupe de cheveux, ses dépenses (fort modestes), sa stricte moralité, son attitude face à l’alcool, passant d’un extrême à l’autre avec emportement. Il note soigneusement, comme dans un livre de comptes, les sommes reçues lors de la parution de ses nouvelles, mais curieusement ne nomme pas ses personnages (notamment Solomon Kane et Kull le roi barbare).
Puis, à l’avant-dernier chapitre, c’est le constat d’échec : « il ne voyait aucun aboutissement logique à sa vie ». Et le ton change, l’autobiographie à peine voilée (les noms des personnages, villes, revues, etc.), d’une incroyable fidélité, fait place à la fiction : Steve réalise qu’aucune maison d’édition n’acceptera jamais son roman (une prémonition vérifiée dans la réalité, puisque Le Rebelle fut refusé en 1928), ce roman qui « avait violé toutes les règles de la littérature ». Il accepte alors de travailler dans un bureau et nous avons droit à un passage tout à fait délirant: Steve assomme son futur employeur à coups de poings et de pied et terrorise une jeune femme, se comportant tel Conan le barbare! Et le dernier chapitre est une véritable apothéose, montrant Steve assis sur une colline, avec ses amis, tel le Christ entouré de ses disciples, et se livrant à une vaste récapitulatif sur leurs vie respectives, leurs rêves, leurs espoirs et leurs ambitions déçues. « No future! » pourrait-il s’écrier, et Steve répond à l’appel de la Vie, renonçant à écrire pour partir sur les routes : une « fiction » hautement symbolique, exprimant le désir secret, et jamais réalisé, de Howard de quitter Cross Plains (et donc se parents) pour découvrir le monde et la vie. Son roman Almuric exprimait le même désir, dans une optique différente, mais Howard est condamné à rester à Cross Plains et à continuer d’écrire, avec ses succès et ses échecs, jusqu’à l’issue fatale, incapable d’exorciser ses démons intérieurs. Steve, lui, veut vivre et s’en va, réalisant le grand rêve américain et annonçant avec quelques années d’avance Sur la route de Kerouac. Il « met de côté ses rêves et ses ambitions » et veut goûter pleinement la vie. Proclamant une dernière fois sa révolte, il s’en va. Il sera peut-être boxeur, ou n’importe quoi, mais il vivra enfin ! « Adios, les gars! » et il monte dans le car, direction l’enfer!
Steve assume totalement sa révolte et défie le monde, partant sur les routes pour connaître la vraie vie. Howard, lui, reste à Cross Plains, en rebelle solitaire, individualiste forcené, partagé entre les rêves et la réalité, cherchant une issue impossible dans ses écrits. « Il faisait un mélodrame de sa vie », est-il écrit dans ce roman. Howard, avec son sens inné du drame, s’accrochera jusqu’à la fin, puis lâchera prise. Le dernier barreau de l’échelle…
Avant de terminer, je tiens à remercier tout spécialement Glenn Lord pour son aide : l’index à la fin du livre, les notes et les documents qu’il a bien voulu m’envoyer, complétant ainsi la lecture de cet ouvrage.
A présent, voici ces pages tumultueuses où l’on assiste à la naissance d’un grand écrivain fantastique – ou d’un écrivain tout court – confessions d’un jeune rebelle en proie au mal de vivre…

François Truchaud
La Houssoye
3 septembre 1988


Dos du livre :

« 1924-1928, les « années-lumière » ou l'apprentissage de la vie et du métier d'écrivain pour le jeune Howard. Dans ce roman autobiographique, REH se livre à nous dans toute sa démesure et ses excès, ses contradictions, sa violence intérieure et son mal de vivre. Il nous raconte sa vie à Cross Plains, ses débuts littéraires, ses premières nouvelles publiées dans « Weird Tales », mais aussi ses rêves, ses passions, ses joies et ses peines, sa solitude et ses ambitions souvent déçues, sa volonté de réussir et d'être reconnu en tant qu'artiste, abordant tous les sujets au fil de ces pages tumultueuses : la littérature fantastique, la poésie, la boxe, l'amitié, l'argent, le système américain contre lequel il se révolte. Fureur de vivre et fureur d'écrire pour ce jeune homme en colère... le magnifique autoportrait d'un rêveur solitaire, plus grand que nature, à l'image de ses personnages... »
(D'après la préface de François Truchaud)

Un événement de taille et une première mondiale, puisque ce roman n'a jamais été publié dans le monde entier, pas même aux Etats-Unis !
Pour ce trente-quatrième REH chez NéO. tout le génie de « Two-Gun Bob », le rebelle, ou le portrait de l'artiste en jeune homme !
En attendant Poings d'acier...

Robert Ervin Howard est né à Peaster (Texas) en 1906. II s'est suicide en 1936. Quinze ans de création littéraire lui ont suffi pour devenir l'un des maîtres du fantastique et de l'heroic fantasy.A l'exception des Conan (Lattes, puis J'Ai Lu), nous avons publié tout ce qui a été traduit de lui en français et nous continuerons : Le pacte noir. Kull le roi barbare, Solomon Kane, Le retour de Kane, L'homme noir, Bran Mak Morn, Cormac Mac Art, Agnès de Chastillon, El Borak l'Invincible, El Borak le Redoutable, El Borak le Magnifique, El Borak l'Eternel, Wild Bill Clanton, Kirbv O'Donnell, Cormac Fitzgeoffrev, Steve Harrison et le Maître des Morts, Steve Harrison et le talon d'argent, Vulmea le pirate noir, Sonya la Rouge, Les habitants des tombes, Le tertre maudit, Le chien de la mort, La main de la déesse noire, La route d'Azraël, Almuric, Le seigneur de Samarcande, Steve Costigan, Steve Costigan et le Signe du Serpent. Steve Costigan le champion, Dennis Dorgan, Le manoir de la terreur, L'île des épouvantes, la flamme de la vengeance, trente-trois volumes magiques et fous, tous traduits par le meilleur spécialiste de Howard que nous ayons en France : François Truchaud, à qui nous devons également la traduction des poèmes fantastiques Chants de guerre et de mort, parus à la fois en édition de grand luxe et en édition courante.



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