Nouvelles Editions Oswald - Le tertre maudit

Titre Original : nouvelles

Collection : Fantastique - SF - Aventure n° 154
Date de Parution : Novembre 1985
Traducteur : François Truchaud, Jacques PAPY et Michel DEUTSCH
Nombre de pages : 192
Couverture : Jean-Michel Nicollet


Sommaire du livre :



- En attendant l'aube blême, Introduction de François TRUCHAUD
- Lance et croc (Spear and Fang), traduit par François TRUCHAUD
- La Malédiction de la mer (Sea Curse), traduit par François TRUCHAUD
- Du fond des abîmes (Out of the Deep), traduit par François TRUCHAUD
- …en replis tortueux (The Dream Snake), traduit par Jacques PAPY
- Coup double (The Man on the Ground), traduit par Jacques PAPY
- Le Cœur de Jim Garfield (Old Garfield's Heart), traduit par Michel DEUTSCH
- Pour l'amour de Barbara Allen (For the Love of Barbara Allen), traduit par René LATHIÈRE
- Le Tertre maudit (The Horror from the Mound), traduit par Jean MARIGNY
- Le Monolithe noir (The Black Stone), traduit par François TRUCHAUD
- Robert E. HOWARD & Frank Thurston TORBETT, Une sonnerie de trompettes (A Thunder of Trumpets), traduit par François TRUCHAUD
- Le Cavalier-Tonnerre (The Thunder-Rider), traduit par François TRUCHAUD
- La Vallée perdue (The Valley of the Lost), traduit par François TRUCHAUD
- Bibliographie auteur non cité


Préface du livre :

EN ATTENDANT L’AUBE BLEME

A la mémoire de mes grands-parents,
19 août 1985.

Couverture Le Tertre Maudit
Après Les habitants des tombes, voici un second recueil des nouvelles fantastiques écrites par Howard. Ce recueil comprend cinq nouvelles inédites et sept nouvelles publiées en France dans diverses revues et anthologies, mais jamais réunies en volume. Le lecteur aura ainsi à sa disposition toute l’œuvre fantastique de « Two-Gun Bob », une fois publiés Le chien de la mort (en janvier 1986) et quelques autres nouvelles, dont certaines sont toujours inédites aux Etats-Unis ! Nous n’avons pas inclus dans ce volume la nouvelle « round-robin » Le défi de l’au-delà, où Howard figure aux côtés de le Lovecraft, Merritt, Catherine Moore, etc., puisqu’elle se trouve déjà dans le recueil d’Abraham Merritt, La femme du bois (Néo, n°105, 1984). A l’occasion de ce 21e REH chez Néo, signalons, avec une certaine autosatisfaction, qu’un correspondant anglais, collectionneur et amateur de Fantastique, nous a écrit : « Vous êtes le plus grand éditeur actuel de l’œuvre de Robert E. Howard dans le monde entier ! » Dont acte, et la fête n’est pas finie!
Ces douze nouvelles, comme pour Les habitants des tombes, nous présentent un univers hanté par l’horreur, l’épouvante et la mort… ou la vision hallucinée de REH. Précisons que huit d’entre elles parurent dans Weird Tales, la revue mythique, gage d’un Fantastique vécu au premier degré, entre 1925 et 1933, et que ce fut une période « faste » pour Howard.
Lance et croc (paru dans Weird Tales, en juillet 1925) marque les débuts professionnels de notre auteur, puisque ce fut sa première nouvelle acceptée par la prestigieuse revue. En automne 1924, Howard, alors âgé de dix-huit ans, recevait une lettre de Farnsworth Wright, le rédacteur en chef de Weird Tales, lui apprenant que sa nouvelle avait été acceptée et qu’elle lui serait payée seize dollars lors de sa publication. Le tarif de cette revue était d’un demi-cent le mot ! En fait, Howard attendit de longs mois avant de voir sa nouvelle publiée parmi celles d’autres écrivains illustres. Mais, selon Lindsey Tyson, son ami de toujours, « il fut sans doute l’homme le plus heureux que j’aie jamais vu », après avoir reçu cette lettre. Il avait « percé » et pouvait entreprendre une carrière littéraire, en écrivain professionnel, son objectif de toujours. Ce bel optimisme était prématuré, et la route serait longue avant la véritable consécration au prix de bien des efforts ! Ce texte de jeunesse, malgré une certaine naïveté, contient déjà tous les grands thèmes traités ultérieurement par Howard (la force physique, la violence, l’évolution de l’humanité, l’artiste et le guerrier, l’amour romantique du jeune couple, etc.), les idées foisonnent et l’on est stupéfait par le rythme du récit qui emporte le lecteur, par sa fougue et son ton inhabituel. Un nouvel auteur était né, au talent évident et riche de promesses, et ce n’est pas un hasard si ce récit se passe aux temps préhistoriques.
La malédiction de la mer (paru dans Weird Tales, en mai 1928) est une histoire de malédiction et de vengeance, dont le personnage principal est la Mer, à l’aura fantastique. On songe, bien sûr, à Hodgson, et certaines pages se seraient pas indignes de Pirates Fantômes. En exergue, un poème de Kipling, l’un des auteurs favoris de Howard qui confirme son talent avec ce texte très étrange, au style volontairement archaïque.
Du fond des abîmes (paru en novembre 1967, dans Magazine of Horror) n’eut pas les honneurs de Weird Tales, ce qui est curieux, puisqu’il est la suite directe du précédent récit : l’histoire se passe dans le même petit village, Faring, « Lie-Lip » Canool est cité, et le narrateur est le même. De surcroît, c’est un faible d’esprit, ce qui nous vaut une histoire « pleine de bruit et de fureur ». La Mer est omniprésente, et c’est une véritable invasion de l’épouvante et du fantastique. Précisons qu’Howard écrivit un poème portant le même titre, The Sea Curse, et qu’il fut très impressionné par la vue de la mer, lors d’un voyage jusqu’au Golfe du Mexique (qui devait lui inspirer un autre poème, The Call of the Sea) en été 1928. Le thème fantastique de la Mer est rare dans son œuvre (surtout présente dans la saga de Conan) et cette nouvelle est d’autant plus étonnante par son impact et son style : « La grande femme grise aux yeux froids des siècles immémoriaux »… ainsi, page 29, certaines lignes ressemblent à un poème !
…En replis tortueux (paru en février 1928, dans Weird Tales) ressemble beaucoup à une autre histoire de REH, Le cobra du rêve, paru dans Les habitants des tombes. C’est le même thème, le même conflit rêve-réalité, et le cauchemar finit par l’emporter. Ces pages distillent la même angoisse, la même folie d’une logique imperturbable, à la montée irrépressible. Du grand art !
Coup double (paru en juillet 1933, dans Weird Tales) a un intérêt historique pour nous, puisque c’est la première nouvelle de REH publiée en France, si l’on excepte Le phénix sur l’épée, une aventure de Conan, parue dans une version tronquée dans Planète en 1965. Cette histoire même étroitement trois éléments : le cadre western, la haine opposant deux hommes, et le thème fantastique, avec une fin étonnante, qui n’est pas sans rappeler Ambrose Bierce. L’histoire du Sud-Ouest des Etats-Unis, le Texas notamment, a toujours fasciné Howard (pour preuve, ses histoires de western écrites à la fin de sa vie) et lui permet de traiter son récit sur plusieurs niveaux, avec une maîtrise stupéfiante.
Le cœur de Jim Garfield (paru en décembre 1933, dans Weird Tales) se situe également dans un cadre western, avec une haine opposant deux hommes, Homme Fantôme, magie indienne, et une transplantation cardiaque assez étonnante ! Sur un thème classique, Howard nous donne un excellent récit, macabre à souhait. Une grande réussite !
Pour l’amour de Barbara Allen (paru en août 1966, dans The Magazine of Fantasy and Science Fiction) est peut-être l’un des plus beaux textes écrits par Howard, en tout cas empreint d’une poésie indéniable. Cette histoire de rêve/réincarnation, se passant durant la guerre de Sécession, présente la même atmosphère que certaines nouvelles d’Ambrose Bierce. Et l’idée centrale est superbe : les souvenir obsédants, le sentiment de « déjà vue », la boucle dans le temps, et deux êtres qui s’aiment et se retrouvent par-delà l’Espace et le Temps ! La nature, mélancolique et belle, est omniprésente dans ce récit ponctué d’une chanson appartenant au folklore américain. Un ton rare et une émotion poignante qui démontrent toute la sensibilité de Howard, s’interrogeant sur la vie et la mort, le temps, l’horreur des guerres…
Le tertre maudit (paru en mai 1932, dans Weird Tales) était considéré par August Derleth comme l’une des meilleures histoires fantastiques jamais écrites par Howard, et faisait partie du recueil Skull-Face, publié en 1946 par Arkham House, d’où sont extraites la plupart des nouvelles du Pacte Noir. Sut un thème fantastique classique, le vampire, Howard a écrit une excellente histoire du Texas, la présence des Espagnols en 1545, Coronado, etc. Soulignons que le prénom du personnage principal est Steve, je n’insiste pas ! Cette histoire macabre est excellemment menée et oppressante à souhait, avec tout le talent fantastique de Howard !
Le monolithe noir (paru en novembre 1931, dans Weird Tales) est une histoire lovecraftienne, faisant partie du Mythe de Cthulhu. Elle nous permet de retrouver, en une superbe évocation, le poète fou, Justin Geoffrey (déjà présent dans La maison parmi les chênes, in Les habitants des tombes) et figurait également dans le recueil Skull-Face, déjà cité. Il y est beaucoup question de Von Junzt et de son livre maudit, Unaussprechlichen Kulten, un volume mythique et inventé par Howard, qui s’ajoute à la bibliothèque maudite de Lovecraft (le Necronomicon, bien sûr !) et que l’on retrouve dans d’autres nouvelles de REH. Cette histoire de sorcellerie, de rites infâmes avec flagellations et mise à mort, est superbement traitée, et c’est l’un des sommets de l’art de Howard.
Une sonnerie de trompettes (paru en septembre 1938, dans Weird Tales) fut écrite en collaboration avec Frank Thruston Torbett, ami de toujours de Howard. Outre l’exergue de Jack London, l’influence de Kipling est évidente dans cette histoire très étrange qui s’apparente davantage à un contre philosophique. L’Inde, le mysticisme de l’Orient, le Yogi à la recherche de la Connaissance, un amour impossible… une nouvelle d’une rare beauté, au ton ambitieux, qui n’exclut pas l’humour (l’apparition du tigre au début du récit, les réflexions acides sur la femme, etc.). Cette nouvelle se place à part dans l’œuvre de Howard (est-ce seulement dû à sa collaboration avec Torbett ?) et témoigne d’une maîtrise et d’un art incontestables.
Le Cavalier-Tonnerre (paru en 1972, dans le recueil Marchers of Valhalla) est peut-être l’un des récits les plus fous de REH ! Le ton est fort proche des nouvelles du cycle de James Allison (in Le pacte Noir et L’homme noire), puisqu’il y est question de réincarnation et de vies passées. Mais Howard aborde ce thème sous un angle différent, celui du souvenir obsédant et de la magie (ou médecine) indienne. Et, bien évidemment, John Garfield est Howard lui-même, en proie à une violence intérieure et à une force inconnue. Le début est très ambitieux (la réflexion sur le XXe siècle, la matière et l’esprit, etc.), la suite stupéfiante par son évocation historique de temps très reculés (les tribus indiennes) et la fin surprend quelque peu par sa rapidité, presque « bâclée ». Après un long préambule, l’histoire se termine en quelques pages succinctes, avec des ingrédients dignes de certaines aventures de Conan (le serpent monstrueux, le Maître du Brouillard). Heureusement l’humour final sauve cette histoire qui s’annonçait beaucoup plus longue et fournie ! A noter la présence d’une femme-guerrière, Conchita, et un passage (le gong) qui fait penser à une histoire du roi Kull.
La Vallée Perdue (paru au printemps 1967, dans Startling Mystery Stories, sous le titre Secret of Lost Valley) avait été annoncé dans le dernier numéro de Strange Tales, en janvier 1933. Mais cette revue cessant de paraître, la nouvelle resta dans les limbes et ne fut publiée qu’en 1967. A noter que son titre original, américain, était The Valley of the Lost. Entre-temps, une autre histoire d’Howard avait été publiée : Valley of the Lost (dont le titre original était King of the Forgotten People, à paraître dans Le chien de la mort). En raison de la similitude de titres, on crut longtemps qu’il s’agissait d’une seule et même histoire. D’où le nouveau titre américain, lors de la publication de cette histoire ! Howard utilisait souvent les mêmes titres, ou des titres très similaires (ainsi The Vale of Lost Women, une aventure de Conan) d’où la confusion. Indépendamment de ces précisions bibliographiques, cette histoire débute comme Coup double : ce sont pratiquement les mêmes phrases sur la haine farouche entre deux hommes ou deux familles, le Texas, etc. Puis, toujours dans un cadre western, Howard nous offre une superbe évocation d’un peuple vivant dans des cavernes, à la régression immonde. Le lecteur connaît déjà Le peuple des ténèbres, in Le pacte Noir, et Les habitants des tombes, dans le recueil homonyme ; je n’insiste pas! Mais le ton est beaucoup plus ambitieux et le récit magistralement écrit. A noter un passage qui ressemble beaucoup à une histoire de Bran Mak Morn (déjà cité dans la préface de Les habitants des tombes). Jamais l’horreur et la démence n’ont été aussi présentes, l’ampleur de l’histoire aussi prenante. Et la fin est superbe… symbolique : le personnage principal se suicide, d’une balle dans la tempe ! Comme l’écrit magnifiquement Howard, « il avait entrevu le crâne grimaçant sous le masque de la vie, et cette brève vision rendait la vie intolérable ».
A présent, voici ces douze nouvelles fantastiques, en attendant l’aube blême…

François Truchaud,
Ville-d’Avray,
18 octobre 1985


Dos du livre :

« Brill tira à bout portant et vit un lambeau de tissu pourri s'envoler de la poitrine de la Chose. Le vampire tituba sous le choc de la lourde balle, puis se redressa et s'avança rapidement. Brill poussa un cri étouffé. Les sombres légendes étaient donc vraies — les armes humai­nes étaient impuissantes — car un homme peut-il tuer quelqu'un qui est déjà mort depuis de longs siècles ? Puis le contact contre sa gorge de ces mains pareilles à des griffes le rendit fou furieux, et Steve Brill se battit contre le mort glacé qui en voulait à sa vie et à son âme... »
Après Les habitants des tombes, voici ce second recueil de nouvel­les fantastiques... cinq nouvelles inédites et sept nouvelles publiées en France dans des revues et des anthologies mais jamais réunies en volume !

Pour ce 21e REH chez NéO, à nouveau un univers glauque et hanté par l'horreur... spectres, morts-vivants, vampires... les Forces du Mal et de la Nuit se déchaînent sur le monde !
Où la vision hallucinée de « Two-Gun Bob », l'un des plus grands écrivains fantastiques de ce siècle !
A lire aux heures pâles de la nuit !
En attendant Le chien de la mort...

Robert Ervin Howard est né en 1906 à Peaster (Texas). Il s'est suicidé en 1936. Quinze ans de création littéraire lui ont suffi pour devenir l'un des maîtres du fantas­tique et de l'heroic fantasy de ce siècle. Nous avons, depuis quelques années, révélé au public français une grande partie de son œuvre restée scandaleusement inédite jusqu'alors : Le pacte noir, Kull le roi barbare, Solomon Kane, Le retour de Kane, L'homme noir, Bran Mak Morn, Cormac Mac Art, Agnès de Chastillon, El Borak l'Invin­cible, El Borak le Redoutable, El Borak le Magnifique, El Borak l'Eternel, Wild Bill Clanton, Kirby O'Donnell, Cormac Fitzgeoffrey, Steve Harrison et le Maître des Morts, Steve Harrison et le Talon d'Argent, Vulmea le pirate noir, Sonya la Rouge, Les habi­tants des tombes, vingt volumes magiques et fous, inoubliables, tous traduits et pré­sentés par le meilleur spécialiste de l'œuvre de Howard que nous ayons en France : François Truchaud.

Quant à la série des Conan, après avoir été publiée par Lattès, elle est en cours de réédition dans J'Ai lu.