Nouvelles Editions Oswald - Steve Costigan

Titre Original : nouvelles

Collection : Fantastique - SF - Aventure n° 180
Date de Parution : Novembre 1986
Traducteur : François Truchaud
Nombre de pages : 166
Couverture : Jean-Michel Nicollet


Sommaire du livre :



- Coeur d'or, poings d'acier, Préface de François TRUCHAUD
- La Fosse aux serpents (The pit of the serpent), traduit par François TRUCHAUD
- La Race du bouledogue (The bull dog breed), traduit par François TRUCHAUD
- La Rancune du marin (Sailor's grudge), traduit par François TRUCHAUD
- Poing et croc (Fist and fang), traduit par François TRUCHAUD
- Le Vainqueur empoche tout (Winner takes all), traduit par François TRUCHAUD
- Les Poings du marin (Waterfront fists), traduit par François TRUCHAUD
- Le Champion des Sept Mers (Champ of the forecastle), traduit par François TRUCHAUD
- Un punch au T.N.T. (A TNT punch), traduit par François TRUCHAUD


Préface du livre :

Cœur d’or, poings d’acier

Le vingt-septième REH chez NéO est le premier des trois volumes qui rassembleront toutes les aventures de Steve Costigan, soit vingt-sept nouvelles, dont une inachevée, et deux fragments. Une fois de plus, un événement et une Première Mondiale ![/i] En effet, ces nouvelles n’avaient jamais été réunies en volume, dans le monde entier (à commencer par les Etats-Unis) et certaines étaient inédites à ce jour ! Le lecteur français, à nouveau privilégié, sera le premier à les découvrir dans leur intégralité. Pour fêter dignement cet événement, une nouvelle photo en dos de couverture où « Two-Gun Bob » (à gauche) armé d’un sabre « joue aux pirates » avec Truett Vinson, armé d’un pistolet, l’un de ses amis d’enfance. Toujours l’Aventure ! [/i]
Un bref rappel historique : à la fin des années vingt, l’Amérique se passionne pour la boxe et vénère les dieux du ring, tels Jack Dempsey et tant d’autres noms prestigieux (abondamment cités au cours des aventures de Steve Costigan). En 1928 est publié le poème narratif The Set-Up de Joseph Moncure March, l’un des poètes préférés de Howard, qui figurait dans la bibliothèque du Texan, et qui sera superbement porté à l’écran par Robert Wise, sous le titre français : Nous avons gagné ce soir. Popeye le Marin de Segar voit le jour le 17 janvier 1929. Jack London écrivit les Histoires de la Boxe (publié en 10/18 en 1976, malheureusement épuisé et non réédité pour le moment). Victor McLaglen est l’un des acteurs les plus populaires de l’époque… et l’un des acteurs favoris de Howard, sans aucun doute sensible à ses origines irlandaises !
A la même époque, Howard est à la recherche de nouveaux « marchés ». Après l’enthousiasme des débuts – Weird Tales a publié sa première nouvelle, Lance et Croc, en juillet 1925 –, il constate avec amertume que sa collaboration avec ce magazine est très irrégulières – une quinzaine de nouvelles et de poèmes publiés entre 1925 et 1928 –, la rédaction met un temps infini à accepter (ou à refuser) ses nouvelles, et le paiement est encore plus long à venir ! C’est pourquoi il se tourne vers de nouveaux genres littéraires – il s’essaie un temps à la confession ou true story – et envoie ses textes à d’autres revues. En 1929, trois revues acceptent ses histoires : Ghost Stories, Argosy All-Story Weekly et Fight Stories. Dans chaque cas, il s’agit d’une histoire de boxe. Boxeur amateur lui-même et fanatique des matches de boxe, Howard connaissait parfaitement l’univers des « arènes de boxe » et l’ambiance des grands combats, qu’il restitue à merveille. Bénéficiant de l’engouement de l’époque et de l’existence des revues consacrées à ce genre d’histoires, il se lança à corps perdu dans l’aventure. En juillet 1929, Fight Stories publiait la première histoire de Steve Costigan ; La Fosse aux serpents (The Pit of the Serpent) et ce fut le début d’une longue, et régulière, collaboration. Les sept premières aventures de Steve Costigan furent publiées dans Fight Stories, puis la suite parut alternativement dans Action Stories et Fight Stories, magazines publiés par le même éditeur, Fiction House. En 1932, ces deux revues cesseront de paraître, et trois autres aventures de Costigan paraîtront dans Jack Dempsey’s Fight Magazine, en 1934. Au total, vingt histoires publiées (les autres demeurant inédites). Ce fut l’une des séries les plus populaires de Howard, et l’une des plus longues consacrées à un personnage.
Pour ce nouveau personnage, selon le cœur de Howard – et la liste est déjà longue ! –, un prénom et un nom qui ont valeur de fétiche à ses yeux, Steve ou Stephen, Costigan, auxquels il s’identifie totalement, puisqu’il l’utilise à trois reprises, dans la présente série, dans l’histoire L’Horreur des abîmes (Skull-Face[/i], 1929, in [/i]Le Pacte noir) et dans son roman autobiographique Post Oaks and Sand Roughs, sans compter les nombreuses histoires que nous avons publiées où le héros se prénomme Steve ou bien se nomme Costigan !
La Fosse aux serpents (paru dans Fight Stories en juillet 1929) nous met tout de suite dans l’ambiance et expose le principe de la série : chaque histoire fait une trentaine de pages et est centrée sur un match de boxe. Dans chaque port – Zanzibar, Honolulu, Hong-Kong, Singapour, Cape Town, Les Mers du Sud –, un combat, une aventure ou une fille attendent Steve Costigan, le marin le plus coriace et le boxeur le plus redoutable des Sept Mers, le champion du Sea Girl ! Le récit est réduit à l’essentiel et fait preuve d’un humour inattendu de la part de Howard, dans les dialogues comme dans les situations. Souvent l’humour se change en délire total, et l’histoire ressemble à une bande dessinée ou à un dessin animé ! Outre le ton nouveau, Howard adopte un nouveau style : des phrases courtes et incisives, un langage parlé, souvent argotique, et des expression savoureuses (le délire surréaliste de Popeye n’est pas loin, et il y a bien d’autres ressemblances !). Cette première histoire est l’une des plus drôles de la série et nous fait irrésistiblement penser à La Taverne de l’Irlandais, le film génial de John Ford ! Howard se moque de lui-même, allant jusqu’à l’auto-parodie (ainsi le poème lyrique !) et nous fait le portrait d’un anti-héros, fait rare dans son œuvre, qu’il traite de « gorille » !
La Race du bouledogue (paru dans Fight Stories en mars 1930) lui permet d’affiner son propos, passant du comique au tragique avec une rare aisance. Mike, son bouledogue blanc, devient le personnage central de l’histoire. Rappelons que Howard adorait les chiens, outre les chats, et qu’il fut très affecté par la mort de Patch, son compagnon fidèle. Ainsi, écrit-il, à la page 30 : « A mon idée, un homme qui ne défend pas son chien est encore plus méprisable que celui qui ne défend pas son prochain. » Notons également, lors du « flash-back » en Alaska, l’influence évidente de certaines histoires de Jack London. Et le combat de boxe est l’un des plus beaux jamais écrits par Howard : le tragique confine au sublime dans une scène magnifique où sont décrits les liens unissant Mike, le « gentleman de Dublin », et Steve Costigan.
La Rancune du marin (paru dans Fight Stories en mars 1930) nous rappelle opportunément que Howard était un vrai « cinglé de cinéma ». Et il s’en donne à cœur joie lors de cet épisode que l’on pourrait intituler « Costigan à Hollywood » ! Les dialogues fusent et sont d’une subtilité savoureuse, malgré les apparences, avec des sous-entendus constants à l’humour tonique. Les scènes entre Steve et Marjory sont d’une très grande drôlerie, et Howard peaufine son personnage : vantard, hâbleur, mais d’une grande générosité ! Avec une fin enlevée dont il a le secret !
Poing et croc (paru dans Fight Stories en mai 1930) est proche de l’ambiance de certaines aventures de Wild Bill Clanton. Les Mers du Sud, une île, des Canaques plus vrais que nature, et un adversaire redoutable pour Steve : c’est l’un des combats les plus terrifiants décrits par Howard, et le lecteur se retrouvera en pays de connaissance. Au nouveau, Mike joue un rôle déterminant et sauve Steve (comme Bêlit sauve Conan dans La Reine de la Côte Noire). Et la fin est splendide par son émotion contenue.
Le vainqueur empoche tout (paru dans Fight Stories en juin 1930) nous présente un nouveau personnage féminin, Joan, qui « arnaque » Steve ne beauté, ce qui nous vaut de superbes réflexions de la part de notre (anti)-héros ! A noter page 93 la description de la salle de boxe, les spectateurs qui hurlent et veulent du sang, et le combat lui-même, à nouveau splendide !
Les Poings du marin (paru dans Fight Stories en septembre 1930) nous présentent un marin suédois à l’accent hilarant, que nous avons reproduit, bien sûr ! A nouveau, un personnage féminin dont Steve tombe éperdument amoureux… ce qu’il regrettera très vite ! Cette fois, son adversaire est un rouquin qui luche et qui est gaucher ! Ce qui nous vaut des scènes d’un humour délirant, renforcé par la « rengaine » de la petite ferme avec les prairies verdoyantes et les ruisseaux qui gazouillent, déformée de plus en plus et aboutissant à l’absurde et au non-sense !
Le Champion des Sept Mers (paru dans Fight Stories en novembre 1930) nous présente un autre Suédois, mais permet une nouvelle fois à Howard d’alterner comique et tragique. Les scènes d’évocation du combat dans le poste d’équipage sont superbes, mais l’émotion transparaît lorsque Steve est au bord de la défaite : il perd son seul titre, champion du Sea Girl, et il se sent vieux, usé et moribond. L’humour final rétablit l’équilibre, une nouvelle fois.
Un punch au T. N. T. (paru dans Action Stories en janvier 1931) est étonnant par son changement de ton : au début, c’est un appel à la fierté nationale, d’un humour délirant, qui devient à la fin un discours sur les sentiments nationaux, d’une rare beauté ! Howard ne recule pas devant « l’hénaurme » : ainsi l’arbitre, aveuglé à son tour par la térébenthine, qui n’y voit plus rien et qui se venge sur l’adversaire déloyal ! Steve se fait escroquer une nouvelle fois, ce qui nous vaut une scène finale, superbe, où tout est suggéré et dit entre les lignes (« Je sais que tu sais, mais… ») d’une façon savoureuse. A nouveau Howard joue avec le style, adoptant un langage parlé, très rapide, à la limite du délire.
Dans le prochain volume, nous reviendrons sur les caractéristiques de ce personnage très particulier dans l’œuvre de Howard (Breckinridge Elkins est son équivalent, comique, dans les histoires de western que REH écrivit à la fin de sa vie) et privilégié dans son cœur. Mas à présent, voici les huit premières aventures de Steve Costigan, marin et boxeur « au cœur d’or et aux poings d’acier », qui « ne supporte pas d’entendre un animal blessé geindre ou une femme supplier »…

François Truchaud,
Ville d’Avray, 23 octobre 1986


Dos du livre :

« Je continuai d'attaquer et de maintenir la pression. Je lui décochai un crochet du gauche au visage et le touchai sous le cœur d'un direct du droit. Il riposta d'un uppercut du gauche qui faillit bien m'arracher la tête. Il le fit suivre d'une puissante droite, et je relevai mon épaule gauche juste à temps pour sauver ma mâchoire. Simultanément, je lui expédiai ma droite à la mâchoire et le touchai avec force, mais un peu trop haut. Il oscilla puis contre-attaqua d'une droite foudroyante. Je me baissai et encaissai le coup sur le front. Bon sang de bois ! J'eus l'impression que mon crâne tombait en morceaux ! »
Pour Steve Costigan, le marin le plus coriace et le boxeur le plus redoutable des
Sept Mers, il y a une fille et un combat dans chaque port : Zanzibar, Honolulu,
Hong Kong, Singapour, Cape Town...
Trois volumes rassembleront toutes ses aventures : à nouveau un événement de taille et une première mondiale, car ces nouvelles n'avaient jamais été réunies en volume, pas même aux États-Unis, et certaines étaient inédites à ce jour !
Pour ce vingt-septième REH chez NéO, un nouveau personnage du génial « Two-Gun Bob »
qui fait preuve ici d'un humour inattendu !
En attendant Steve Costigan et le Signe du Serpent...

Robert Ervin Howard est né en 1906 à Peaster (Texas). Il s'est suicidé en 1936. Quinze ans de création littéraire lui ont suffi pour devenir l'un des maîtres du fantastique et de l'heroic fantasy. A l'exception des Conan (Lattès, puis J'Ai Lu), nous avons publié tout ce qui a été traduit de lui en français et nous continuerons : Le pacte noir, Kull le roi barbare, Solomon Kane, Le retour de Kane, L'homme noir, Bran Mak Morn, Cormac Mac Art, Agnès de Chastillon, El Borak l'invincible, El Borak le Redoutable, El Borak le Magnifique, El Borak l'Eternel, Wild Bill Clanton, Kirby O'Donnell, Cormac Fitzgeoffrey, Steve Harrison et le Maître des Morts, Steve Harrison et le talon d'argent, Vulmea le pirate noir, Sonya la Rouge, Les habitants des tombes, Le tertre maudit, Le chien de la mort, La main de la déesse noire, La route d'Azraël, Almuric, Le seigneur de Samarcande, vingt-six volumes magiques et fous, inoubliables, tous traduits par le meilleur spécialiste de l'œuvre de Howard que nous ayons en France : François Truchaud.