Nouvelles Editions Oswald - Steve Costigan et le Signe du Serpent

Titre Original : nouvelles

Collection : Fantastique - SF - Aventure n° 183
Date de Parution : Decembre 1986
Traducteur : François Truchaud
Nombre de pages : 160
Couverture : Jean-Michel Nicollet


Sommaire du livre :



- Le Péril Jaune frappe à nouveau, Préface de François TRUCHAUD
- Les Ruelles du danger (Alleys of peril), traduit par François TRUCHAUD
- Les Poings du Texas (Texas fists), traduit par François TRUCHAUD
- Le Signe du serpent (The sign of the snake), traduit par François TRUCHAUD
- Casse-tête chinetoque (Blow the Chinks down!), traduit par François TRUCHAUD
- La Race des bagarreurs (Breed of battle), traduit par François TRUCHAUD
- Les Poings du cirque (Circus fists), traduit par François TRUCHAUD
- Intrigues à Shangaï (Dark Shangai), traduit par François TRUCHAUD


Préface du livre :

Le Péril Jaune frappe à nouveau

Pour ce vingt-huitième REH chez NéO, voici le second recueil des aventures de Steve Costigan, le marin le plus coriace et le boxeur le plus redoutable des Sept Mers ! Et toujours une Première mondiale, la fête continue ! Les sept nouvelles contenues dans le présent volume ont paru dans Fight Stories et Action Stories de janvier 1931 à janvier 1932, une période charnière pour Howard (d’autres personnages se profilent à l’horizon et sont en cours de gestation), et nous permettent de retrouver l’un de ses héros les plus savoureux, autant que de le préciser et de le « cerner », même si le champion du Sea Girl garde tout son mystère et reste libre devant l’Eternel.
Lovecraft estimait que l’intérêt de Howard pour les sports provenait directement de son « amour pour la force et les conflits primitifs ». On ne saurait mieux dire. Le lecteur sait que les héros de Howard sont de préférence « musclés » et qu’ils règlent leur problèmes le plus souvent à coups de poing, ou à grand coups d’épée. Individualistes en diable, ils ne comptent que sur eux-mêmes pour se « sortir du pétrin », c’est-à-dire sur leur force et leur énergie vitale. L’intelligence n’intervient que pour une part très mineure. C’est pourquoi le boxeur apparaît d’autant plus privilégié pour « Two-Gun Bob ». Il est seul, face à son adversaire, et fera la différence avec ses muscles et ses poings, son endurance et sa ténacité, sa volonté de vaincre. Le monde entier se concentre sur le ring et sur cet affrontement « primitif ». Le boxeur redevient un barbare ou, encore plus, régresse à l’état bestial – d’où les innombrables comparaisons à des fauves et autres animaux sauvages, quant il n’est pas assimilé à un « gorille ». L’intention de REH est évidente – et double. A sa célèbre phrase : « La barbarie est l’état naturel de l’espèce humaine » répond son autre invective : « Au diable les psychologues et psychiatres sophistiqués, et tous les autres monstres engendrés par notre civilisation pourrissante ! » Son roman Almuric sera l’ultime aboutissement de cette démarche, comme nous avons pu le constater, sans parler de Conan ! D’autre part, le boxeur idéal selon Howard est un « cogneur », un pugiliste qui ne pratique par une boxe scientifique et qui fait fi de la technique. Il ne connaît qu’une seule chose : cogner, encaisser et rester debout jusqu’à ce que son adversaire aille au tapis ! Aucune intelligence là non plus : le boxeur compte sur sa seule force brutale et nue, et sur son endurance. C’est un « homme d’acier », terme que l’on retrouve souvent au fil des aventures de Steve Costigan, et qui est le titre de l’une de ses histoires de boxe « sérieuses » (The Iron Man, à paraître dans un volume ultérieur). Tout se passe comme si Howard s’identifiait comme toujours à ses personnages, tentait de se débarrasser de ses problèmes intérieurs et autres conflits psychologiques, en se lançant à corps perdu dans cet affrontement primitif, symbolisé par le ring. Un affrontement physique, réduit à l’essentiel, d’où est exclu tout argument intellectuel. C’est pourquoi Steve Costigan nous semble d’autant plus exemplaire.
Dans les huit premières histoires de Steve Costigan, le récit était principalement centré sur un match de boxe. A partir de la neuvième histoire, l’aventure tient une place plus importante. Sans doute REH éprouva-t-il le besoin de se renouveler : il lui était difficile de présenter à chaque fois un combat de boxe. Et tout naturellement, Steve Costigan rencontre cette aventure dans les ports de l’Orient… Hong Kong, Singapour, Shanghaï… des ruelles sombres, les quartiers indigènes, sordides et nauséabonds, des adversaires innombrables, et le Péril Jaune, bien évidemment ! Howard s’en souviendra lorsqu’il relatera les aventures d’un autre Steve, Harrison, celui-là. L’intrigue, souvent policière, est à la limite du Fantastique, et l’ombre de Fu Manchu n’est pas loin. Et comme toujours, Howard excelle dans l’évocation d’un Orient mystérieux – éternelle fascination – et dans la restitution d’une atmosphère inquiétante – la weird menace – des ruelles envahies par les ombres de la nuit, la lueur d’un réverbère, des docks en ruine. Le décor est planté pour une nouvelle aventure !
Les ruelles du danger (paru dans Fight Stories en janvier 1931) se passe à Hong Kong. Après la description de la foule frénétique dans une salle de boxe – notons la brume rouge qui flotte devant les yeux de Steve… Conan n’est pas loin ! – c’est l’entrée en scène de la Tigresse Blanche, un magnifique personnage féminin, même s’il ne tient pas toutes ses promesses (sur un plan psychologique, la fin notamment). A nouveau REH alterne le comique et le tragique : l’histoire mélodramatique que raconte la Tigresse Blanche à Steve, et surtout l’étonnante scène où elle le menace avec un fouet ! L’action est menée en quatrième vitesse, les phrases se bousculent entre elles, Howard pratique volontiers l’ellipse, anticipant avec humour sur ce qui va suivre. Steve, égal à lui-même, s’en sort avec les honneurs, même si la Tigresse Blanche le compare plusieurs fois à un gorille ! Les bagarres forcenées parsèment le récit, et l’humour est toujours aussi tonique et dévastateur. Ainsi, page 25, Howard écrit : « comme dit le poème, le tumulte et les beignes cessèrent » !
Les poings du Texas (paru dans Fight Stories en mai 1931) se passe au Texas, comme le titre l’indique sans ambage, et prouve que REH est doué pour les histoires de western (comme le lecteur pourra le constater dans des volumes ultérieurs). Ce qui nous vaut la magnifique description d’un bandit mexicain, celle d’un petit déjeuner pantagruélique, et des histoires « texanes » aussi exagérées que les blagues marseillaises, mais Steve aura le mot – ou l’histoire – de la fin. Nous apprenons au passage que Steve est né à Galveston, Texas, ce qui ne saurait guère nous étonner. Le reste coule de source, et c’est l’une des aventures « hénaurmes » de Steve : la fin confine au sublime et au tragique. Steve et son adversaire, grièvement blessés, continuent néanmoins de se battre, pour savoir qui est le meilleur des deux ! La démesure à nouveau, chère à Steve et à « Two-Gun Bob » !
Le signe du serpent (paru dans Action Stories en juin 1931) est le récit ou la « weird menace » et le Péril Jaune sont les plus présents, à la fois rappelant – sur un ton mineur – L’horreur des abîmes (paru en 1929) et préfigurant certains aventures de Steve Harrison. Notons une erreur curieuse – involontaire ou délibérée ? » - le navire de Steve s’appelle le Panther et non le Sea Girl, et son chien s’appelle Bill et non Mike. Tongmen, société secrète chinoise, chef mystérieux, ruelles inquiétantes… Howard en rajoute à plaisir, et certaines phrases sur l’Orient sont magnifiques… « La Chine est la Chine…immense, distante, impénétrable, le Sphinx des nations ! »… donnant une autre dimension à l’histoire. Nous avons déjà le cadre et l’ambiance de Steve Harrison et le Maître des Morts, même si l’intention est autre et l’histoire prétexte à des combats homériques. L’humour cède la place à l’action et à l’aventure « sérieuse », et une nouvelle fois le chef inconnu ressemble comme un frère à Fu Manchu !
Casse-tête chinetoque (paru dans Action Stories en octobre 1931) se passe à nouveau à Hong Kong. Cette fois, l’humour est privilégié, et souvent délirant (les dialogues sont hilarants) grâce au personnage de Bill McGlory, « double » de Steve. Notons un combat dans une chambre plongée dans l’obscurité, où le tragique fait place au comique le plus débridé. Howard s’amuse visiblement, en tissant cette intrigue compliquée et en accumulant les phrases débitées à toute vitesse. Ainsi, page 86, Steve raconte ce qui s’est passé en une phrase qui fait sept lignes, embrouillant encore plus la situation ! A nouveau un personnage féminin, Kit Worley, au charme fatal de laquelle Steve succombera inévitablement, à son grand détriment ! Une histoire très drôle, compliquée à souhait, où l’ambiance exotique fonctionne à merveille, avec en contrepartie le « tandem » comique, Steve et Bill, renouant avec les premières histoires.
La race des bagarreurs (paru dans Action Stories en novembre 1931) redonne une importance de premier plan à Mike, le bouledogue blanc de Steve. Ce qui nous vaut quelques phrases bien senties, de la part de REH, sur ceux qui parient sur des combats de chiens. Notons le personnage de Philip d’Arcy, qui semble sorti tout droit du Club des Aventuriers d’Abraham Merritt. Puis l’humour reprend ses droits : le billet adressé à Steve par une « admiratrice affectionnée », et la réaction de Steve, éternel vantard ! Aux pages 104-108, l’humour devient hilarant et monte en crescendo, pour se terminer dans un délire total : Steve interrompt son match, « excuse-moi, je reviens tout de suite ! » dit-il à son adversaire, pour s’adresser à des coolies qui lui proposent des chiens. Mike ayant été « kidnappé ». On songe irrésistiblement à une certaine scène de Tintin en Amérique d’Hergé ! Puis le tragique réapparaît, le combat de chiens dans la « fosse », et Steve proclame son amour et son estime des chiens : « ton chien vaut mieux que toi et il est plus digne de vivre que toi ! » déclare-t-il au propriétaire indigne. Et l’histoire se termine par une phrase lapidaire : « Mike et moi sommes deux meilleurs bagarreurs du monde ! » L’un des histoires de Steve les mieux enlevées, où Howard s’en donne à cœur joie.
Les poings du cirque (paru dans Fight Stories en décembre 1931) permet à Howard de situer son histoire dans un nouveau cadre, celle du cirque, bien sûr. Notons que le début est identique à celui d’une autre nouvelle, The Iron Man (une histoire de boxe « sérieuse » parue dans Fight Stories en juin 1930) et qu’à la même époque, il commença un autre série, avec le personnage de Kid Allison, moins populaire que Steve Costigan, et dont trois histoires (de boxe) furent publiées dans Sport Story Magazine, de septembre à décembre 1931 (à paraître dans des volumes ultérieurs). A nouveau le comique côtoie le tragique, et ce récit contient l’un des combats les plus féroces de Steve, face à Bill Cairn (un nom dont se souviendra REH !). L’accent est mis sur les « hommes d’acier » du ring et leur ténacité, et l’histoire se termine dans la panique générale : un bagarre, un incendie et l’irruption des fauves de la ménagerie échappés de leurs cages. Une fois de plus, Steve est sauvé par le fidèle Mike, et redevient le champion du Sea Girl. Howard est parfaitement à son aise pour décrire l’ambiance du cirque et du champ de foire, les défis lancés aux spectateurs et les combats. Notons la légère « mégalomanie » de Steve, endurci par la vie du cirque et les matches qui se succèdent chaque soir, rappelant – ou anticipant – certaines réflexions d’Esau Cairn dans Almuric.
Intrigues à Shanghaï (paru dans Action Stories en janvier 1932) nous fait retrouver Bill McGlory. Le tandem comique est renoué et l’humour délirant est assuré ! Howard « joue » à plein le côté « mélo » : Steve se représentant l’héroïne, Catherine, enfermée dans un cachot nauséabond, chargé de chaînes, avec des rats galopant tout autour ! Et les rebondissements sont multiples et plus drôles les uns que les autres. Les dialogues sont brillants, au bord du non-sense, dans cette histoire échevelée – dont l’intrigue annonce certaines aventures de Steve Harrison, une fois de plus – où abondent à dessein les « clichés » des romans à sensation de l’époque. Howard jubile et force le trait. A la fin de l’histoire, Catherine (jamais Steve n’a vu une fille aussi bagarreuse !) déclare qu’elle a perdu une fortune, mais qu’elle s’est bien amusée ! Une histoire racontée en quatrième vitesse, au délire tonique et au style débridé et savoureux… Howard est plus en forme que jamais !
Mais à présent, voici sept nouvelles aventures de Steve Costigan, face au Péril Jaune, et confronté à d’innombrables adversaires. Comme « Two-Gun Bob » l’écrit : « Sous la surface impassible de l’Orient s’écoulent des courants sombres et mystérieux… des intrigues et des complots ignorés des Blancs… »
En attendant le troisième et dernier volume, Steve Costigan le champion…

François Truchaud,
Ville-d’Avray, 21 décembre 1986


Dos du livre :

« Je dépliai le morceau de papier. Il n'y avait rien d'écrit dessus ; seulement un dessin représentant un serpent, peut-être un cobra.
- Diego, demandai-je, connais-tu la signification de ceci ? Diego poussa un cri rauque.
- Le Signe du Serpent ! La mort ! Les Yo Than !
- De quoi veux-tu parler ? grommelai-je.
- Une société secrète chinoise, haleta Diego. Des criminels... des assassins. Celui qui reçoit le Signe du Serpent est un homme mort ! Cache-toi, reste à bord de ton navire. Peut-être pourras-tu leur échapper !
- Me terrer comme un vulgaire rat ! grondai-je. Moi qui suis connu dans tous les ports d'Asie comme le champion du Sea Girl ! Pas question !«
Voici le second recueil des aventures de Steve Costigan, le marin le plus coriace et le boxeur le plus redoutable des Sept Mers.
Hong Kong, Singapour, Canton, Shanghaï... dans tous ces ports bien des dangers guettent Steve Costigan, et innombrables sont ses adversaires, sur le ring, et dans les ruelles sombres... le Péril Jaune à nouveau !
Pour ce vingt-huitième REH chez NéO, toujours l'aventure et un humour savoureux et
souvent délirant !
En attendant Steve Costigan le champion...

Robert Ervin Howard est né en 1906 à Peaster (Texas). Il s'est suicidé en 1936. Quinze ans de création littéraire lui ont suffi pour devenir l'un des maîtres du fantastique et de l'heroic fantasy. A l'exception des Conan (Lattès, puis J'Ai Lu), nous avons publié tout ce qui a été traduit de lui en français et nous continuerons : Le pacte noir, Kull le roi barbare, Solomon Kane, Le retour de Kane, L'homme noir, Bran Mak Morn, Cormac Mac Art, Agnès de Chastillon, El Borak l'invincible, El Borak le Redoutable, El Borak le Magnifique, El Borak l'Eternel, Wild Bill Clanton, Kirby O'Donnell, Cormac Fitzgeoffrey, Steve Harrison et le Maître des Morts, Steve Harrison et le talon d'argent, Vulmea le pirate noir, Sonya la Rouge, Les habitants des tombes, Le tertre maudit, Le chien de la mort, La main de la déesse noire, La route d'Azraël, Almuric, Le seigneur de Samarcande, Steve Costigan, vingt-sept volumes magiques et fous, inoubliables, tous traduits par le meilleur spécialiste de l'œuvre de Howard que nous ayons en France : François Truchaud.