Titre Original : nouvelles
Collection : Fantastique - SF - Aventure n° 187
Date de Parution : Mars 1987
Traducteur : François Truchaud
Nombre de pages : 168
Couverture : Jean-Michel Nicollet
Sommaire du livre :
- Gentleman Steve, Préface de François TRUCHAUD
- Les Vikings du ring (Vikings of the gloves), traduit par François TRUCHAUD
- La Nuit de la bataille (Night of the battle), traduit par François TRUCHAUD
- Match contre la montre ! (The slugger's game), traduit par François TRUCHAUD
- Le Général Poing d'Acier (General Ironfist), traduit par François TRUCHAUD
- La Pêche au trésor (Sluggers of the beach), traduit par François TRUCHAUD
- Blue River blues (Blue River blues), traduit par François TRUCHAUD
- La Loi du requin (By the law of the shark), traduit par François TRUCHAUD
- Un cocktail explosif (Flying knuckles), traduit par François TRUCHAUD
- Steve Costigan et le fakir (Sailor Costigan and the Swami), traduit par François TRUCHAUD
Préface du livre :
Gentleman Steve
Pour ce vingt-neuvième REH chez Néo, voici le troisième et dernier recueil des aventures de Steve Costigan, l’un des personnages les plus savoureux de notre auteur, et une Première mondiale plus que jamais : en effet, quatre des neuf nouvelles contenues dans le présent volume étaient inédites à ce jour, même aux Etats-Unis ! Yokohama, Singapour, Hong-Kong, Shanghai, Barricuda, Puerto Grenada… autant d’escales mouvementées pour Steve le champion, toujours l’aventure, et l’humour est à nouveau privilégié et souvent « hénaurme ». La mécanique est parfaitement huilée, la veine comique de « Two-Gun Bob » est loin d’être tarie, et il poursuit cette saga avec une jubilation évidente. Hélas, cette série est sur le point de s’interrompre.
Depuis 1929, les magazines Fight Stories et Action Stories avaient publié – alternativement et régulièrement – les aventures de Steve Costigan. Au début de l’année 1932, ces deux revues cessent de paraître, pour raison de Dépression et de crise économique ; Intrigues à Shanghai (Dark Shanghai, dans le précédent volume) est la dernière aventure de Steve à paraître dans Action Stories, en janvier 1932. Et les deux premières nouvelles de ce volume sont les deux dernières à paraître dans Fight Stories, en février et mars 1932. Ensuite c’est l’interruption de cette série, et une période noire pour REH qui ne trouve plus de revues où placer ses textes. S’ensuit une véritable « traversée du désert » pour Howard, sans cesse à la recherche de nouveaux marchés, qui se poursuivra durant les années 1932 et 1933, jusqu’au début de 1934 ? Nous avons déjà parlé de cette période sombre, notamment à propos de Steve Harrison. Certes, Weird Tales publie en décembre 1932 Le Phénix sur l’Epée, la première aventure de Conan à paraître dans cette revue, mais les revenus sont quasiment inexistants pour Howard qui continue, néanmoins, d’écrire avec sa fougue habituelle. Précisons que le magazine Action Stories reparaîtra en 1934, mais publiant cette fois des histoires de western : Howard se consacrera à ce genre auquel il songeait depuis longtemps, et ce sera la série de Breckinridge Elkins (à paraître chez NéO en 1988), l’un de ses personnages les plus populaires, paraissant dans ce magazine de mars 1934 à janvier 1937. Quant à Fight Stories, il reparaîtra également en 1937, et republiera les aventures de Steve Costigan, sous de nouveau titres et sous le nom « maison » de Mark Adam, jusqu’en 1942.
Après deux années d’interruption, la série de Steve Costigan reprend, le temps de trois aventures. En effet, William H. Kofoed, ancien rédacteur en chef de Fight Stories, est chargé de s’occuper en 1934 d’une nouvelle revue de boxe, appelée Jack Dempsey’s Fight Magazine. Se souvenant de la série parue dans Fight Stories, il demande à Howard d’autres aventures inédites. Malheureusement, cette revue n’aura que trois numéros, de mai à août 1934, chacun contenant une aventure de Steve Costigan. Lorsque ce magazine cesse de paraître, William H. Kofoed avait accepté trois autres histoires de Costigan (restées inédites jusqu’à ce jour) et une nouvelle de boxe « sérieuse », Fists of the Desert, contenue dans le recueil américain The Iron Man, que nous publierons en 1988. Dès lors, la publication de la série est définitivement arrêtée. Et le lecteur français est le premier au monde à lire les « inédits » de Steve Costigan. Signalons enfin qu’en janvier 1934 paraissait dans Magic Carpet Magazine, Alleys of Darkness, la première aventure de Dennis Dorgan, que le docteur découvrira en mai, un personnage qui ressemble comme un frère (jumeau) à Steve Costigan… pour des raisons évidentes, mais ceci est une autre histoire… que nous raconterons dans le prochain volume !
Les Vikings du ring (paru dans Fight Stories en février 1932) est un retour en force de l’humour, puisque Steve, afin de monter sur le ring, est obligé de se faire passer pour un Suédois. Ce qui nous vaut des passages hilarants, avec l’accent suédois en rapport, et des onomatopées dignes de la BD la plus délirante ! Une fois de plus, REH fait preuve d’une superbe maîtrise dans la narration du combat de boxe – l’ivresse guerrière des Vikings face à la fureur combattante des Irlandais – et les choses se compliquent lorsque Steve est placé dans une situation cornélienne : il ne peut pas gagner le match sans « mettre sur le sable » le « Vieux » du Sea Girl ! Heureusement, tout s’arrangera à la fin, laquelle est enlevée avec la maestria que nous connaissons à Howard !
La nuit de la bataille (paru dans Fight Stories en mars 1932) renoue avec l’intrigue policière – le mystérieux Mandarin Noir – et l’ambiance orientale des ruelles de Singapour et des bars louches, mais est surtout le prétexte à trois combats, dont une bagarre générale, où Steve – et Howard – se déchaîne à plaisir. Notons le personnage savoureux de Bunger, un vieil ivrogne haut en couleur, l’utilisation de la pièce truquée d Steve, et des dialogues savoureux, parsèment une aventure racontée en quatrième vitesse. Et une fin où culminent, tout naturellement, le délire et l’humour.
Match contre la montre ! (paru dans Jack Dempsey’s Fight Magazine en mai 1934) alterne l’humour et le tragique, comme Howard aime souvent le faire. Une fois de plus, Mike, le bouledogue blanc de Steve, est enlevé, et Steve doit se battre pour avoir l’argent de la rançon. Les idées fusent de tous les côtés, à la grande joie du lecteur, et jamais la jubilation de Howard n’a été aussi grande. Côté humoristique, notons le gag du soigneur maladroit, qui estourbit le boxeur au lieu de le ranimer ; côté tragique, relevons les réflexions de Steve, qui se sent comme un clochard sans Mike. Un splendide combat à nouveau, où Howard décrit avec une are précision les réactions du boxeur « sonné ». Les termes vont droit au but et on l’efficacité d’un coup de poing. Soulignons enfin et surtout, aux pages 99 et 100, la situation éminemment symbolique de Steve, puisqu’il se retrouve dans le cage d’un gorille et est assimilé comme tel ! Le personnage s’approfondit et garde sa complexité, toujours comique mais souvent tragique, et marqué par une solitude fondamentale. L’humour l’emporte, mais le désespoir n’est pas loin.
Le général Poing d’Acier (paru dans Jack Dempsey’s Fight Magazine en juin 1934) se passe en Chine dans les années trente, avec seigneurs de la guerre et match mouvementé. Notons que la trame est pratiquement identique à celle des Poings du Texas, histoire figurant dans le second volume, et que le combat à poings nus est d’une rare intensité. A nouveau, Steve est placé dans une situation cornélienne, et même inextricable, puisque son sort sera le même, qu’il gagne ou qu’il perde le combat. Heureusement, un « deux ex machina » – volant – le tirera d’affaire, et la fin est d’un humour tout à fait débridé !
La pêche au trésor (paru dans Jack Dempsey’s Fight Magazine en août 1934) se signale par un début des plus brillants – les remarques savoureuses de Steve – et par une suite des plus délirantes. L’arbitre cesse de compter lorsqu’il reconnaît le boxeur gisant à terre, à la grande fureur de Steve, puis c’est une « pêche » au trésor avec carte et île secrète. Notons la présence d’un personnage féminin – Laura Hopkins ou Kit « Suez » – qui permet à Howard de se déchaîner et de faire preuve d’une certaine misogynie latente : car Kit Suez est une arnaqueuse, bien sût ! Notons l’humour des dialogues à double sens, comme toujours, un combat dans le sable et sous le soleil, et la découverte finale du trésor, qui fait penser à certains films de John Huston, ou la dérision de l’absurde !
Blue River Blues (première parution mondiale dans ce volume) est une « charge » contre les lutteurs avec leurs grimaces et grognements, ce qui nous vaut des scènes savoureuses. Howard reprend l’ambiance de certaines histoires précédentes (la foule hostile des bûcherons, l’arbitre qui est mis K.O., la bagarre générale qui termine le récit) et s’en donne à cœur joie. Notons les deux passages « manquants » : feuillets égarés apparemment, et jamais retrouvés, ce qui ne gêne pas pour autant la lecture.
La loi du requin (première parution mondiale dans ce volume) permet à Steve de faire la connaissance de Diane, une jeune et jolie Française, dont il tombe éperdument amoureux ! Le délire le gagne très vite, comme de bien entendu, et le reste coule de source. Notons pourtant un renversement de situation : la fin, qui aurait dû être tragique, reste humoristique, et prend une certaine ampleur, lorsque Steve déclare qu’une fille ne le laissera jamais tomber, et c’est le Sea Girl ! Nous avons droit, une nouvelle fois, à un combat d’une extrême violence dont Howard a le secret. Steve reste seul mais prouve qu’il est un gentleman !
Un cocktail explosif (première parution mondiale dans ce volume) fait preuve d’un humour forcené, une fois de plus : Puerto Grenada ou une république d’Amérique du Sud, un dictateur au nom à rallonges, un décor d’opérette, un taureau que Steve sera forcé de remplacer, un toréador également boxeur, et c’est le délire assuré ! Steve a le temps de déclarer qu’il est un « homme d’acier » avec la mâchoire et les poings en rapport, puis s’enivre abominablement – sans le savoir ! – et doit affronter deux adversaires, ainsi que deux arbitres et deux soigneurs. Howard en rajoute à plaisir, et c’est l’une des aventures de Steve les plus drôles : notons le gag final, page 147, superbe… que je ne dévoilerai pas, laissant au lecteur le plaisir de le découvrir !
Steve Costigan et le fakir (première parution mondiale dans ce volume) est en fait un flash-back d’une logique imperturbable et à l’humour « hénaurme ». Steve se fâche avec le Vieux et décide de rester à terre. Il devient organisateur de matches de boxe, et la « soirée » se terminera dans la débâcle la plus complète, après une suite de gags délirants, avec un typhon en prime et un envol dans les airs dignes du Magicien d’Oz ! Notons le gag final, bien sûr, où Steve revient voir le fakir pour « lui donner la moitié de ce qu’il a récolté »… Steve, lui aussi, sait faire preuve d’humour !
Pour des raisons de calibrage, le lecteur aura le plaisir de retrouver Steve Costigan – le temps de cinq histoires, soit deux aventures complètes et trois fragments – dans le prochain volume de REH. Dennis Dorgan, figurant ainsi en « guest-star » !
Mais à présent, voici neuf nouvelles aventures de Steve Costigan… Gentleman Steve… en hommage, bien sûr, au superbe film de Raoul Walsh, Gentleman Jim, un film d’Irlandais que « Two-Gun Bob » aurait aimé !
François Truchaud
Ville d’Avray
16 février 1987
Dos du livre :
« Je sortis de la cage d'un bond et lançai mes deux poings. Quelqu'un grogna et s'écroula. Dans l'obscurité, un lascar poussa un hurlement éperdu :
— Sauve qui peut, les gars ! Le gorille s'est échappé !
A ces mots, ce fut l'enfer. Tout le monde fut pris de panique. Les types criaient et juraient, se bousculaient et se piétinaient, tandis que je cognais à droite et à gauche.
- Ah, vous vouliez un combat ? Eh bien, vous allez être servis !
Mike, mon bouledogue blanc, mon seul ami et le plus grand bagarreur de tous les ports d'Asie, avait trouvé la mort à cause de ces sales rats. J'allais les massacrer tous !«
Voici le troisième et dernier recueil des aventures de Steve Costigan, le marin le plus coriace et le boxeur le plus redoutable des Sept Mers. Plusieurs nouvelles contenues dans le présent volume étaient inédites à ce jour, même aux États-Unis ! Toujours une Première Mondiale-Yokohama, Singapour, Hong Kong, Shanghai, Barricuda, Puerto Grenada... autant d'escales mouvementées et savoureuses pour Steve le champion !
Pour ce vingt-neuvième REH chez NéO, toujours l'aventure et un humour souvent délirant ! En attendant Dennis Dorgan...
Robert Ervin Howard est né en 1906 à Peaster (Texas). Il s'est suicidé en 1936. Quinze ans de création littéraire lui ont suffi pour devenir l'un des maîtres du fantastique et de l'heroic fantasy. A l'exception des Conan (Lattes, puis J'Ai Lu), nous avons publié tout ce qui a été traduit de lui en français et nous continuerons : Le pacte noir, Kull le roi barbare, Solomon Kane, Le retour de Kane, L'homme noir, Bran Mak Morn, Cormac Mac Art, Agnès de Chastillon, El Borak l'Invincible, El Borak le Redoutable, El Borak le Magnifique, El Borak l'Eternel, Wild Bill Clanton, Kirby O'Donnell, Cormac Fitzgeoffrey, Steve Harrison et le Maître des Morts, Steve Harrison et le talon d'argent, Vulmea le pirate noir, Sonya la Rouge, Les habitants des tombes, Le tertre maudit, Le chien de la mort, La main de la déesse noire, La route d'Azraël, Almuric, Le seigneur de Samarcande, Steve Costigan et le serpent, vingt-huit volumes magiques et fous, inoubliables, tous traduits par le meilleur spécialiste de l'œuvre de Howard que nous ayons en France : François Truchaud, à qui nous devons également la connaissance de l'œuvre poétique et fantastique de Howard, parue en édition de grand luxe, chez NéO, sous le titre Chants de guerre et de mort.