Titre Original : nouvelles
Collection : Fantastique - SF - Aventure n° 196
Date de Parution : Septembre 1987
Traducteur : François Truchaud
Nombre de pages : 160
Couverture : Jean-Michel Nicollet
Sommaire du livre :
- Préface de François TRUCHAUD
- Un rêve (A Dream), traduit par François TRUCHAUD
- Images dans le feu (Pictures in the Fire), traduit par François TRUCHAUD
- L'Ombre de la mort (The Shadow of Doom), traduit par François TRUCHAUD
- Le Fantôme sur le seuil (The Ghost in the Doorway), traduit par François TRUCHAUD
- Les Plantes de l'enfer (Serpent Vines), traduit par François TRUCHAUD
- L'Horreur dans la nuit (A Horror in the Night), traduit par François TRUCHAUD
- La Voix de l'au-delà (The Voice of Doom), traduit par François TRUCHAUD
- L'Empreinte sanglante (The Mark of a Bloody Hand), traduit par François TRUCHAUD
- L'Or du Cheval du Diable (Spanish Gold on Devil Horse), traduit par François TRUCHAUD
- Le Manoir de la terreur (Taverel manor), traduit par François TRUCHAUD
Préface du livre :
La force des ténèbres
Chose promise, chose due… Après Steve Costigan et Dennis Dorgan, voici le premier des trois volumes rassemblant des nouvelles de fantastique, d’heroic fantasy (surveillez la parution de L’île des épouvantes en novembre 87!) et d’aventures, écrites par le prince des ténèbres et de l’horreur. La plupart de ces nouvelles, inédites du vivant de REH, furent retrouvées dans ses papiers et publiées de longues années après sa mort. Ajoutons que plusieurs de ces nouvelles sont toujours inédites aux USA; ainsi le lecteur français en aura la primeur, mais il est habitué depuis longtemps à ce privilège ! Pour saluer ce trente-et-unième REH chez Néo, et ce retour au Fantastique, une nouvelle photo… ou « Two-Gun Bob » tel qu’en lui-même et posant pour l’éternité! Au dos de cette photographie qu’il avait envoyé à Lovecraft, Howard écrivit : « Les ruines du Fort McKavett, 9 juillet 1933. J’aime bien ce cliché. J’ai l’impression d’être un Vandale ou un Goth se trouvant au milieu des ruines d’une forteresse ou d’un palais romain ». Une déclaration qui ne saurait nous étonner de la part du « rêveur du Texas »!
Ces dix nouvelles, dont six très courtes frappent par leur sécheresse et leur efficacité – tels des « instantanés » fixant une vision cauchemardesque – nous permettent de retrouver l’univers glauques et hanté par l’horreur de REH. A nouveau les Forces des Ténèbres sont au rendez-vous… dix nouvelles dans la veine du Pacte Noir, de L’Homme noir, des Habitants des Tombes, du Seigneur de Samarcande et de bien d’autres volumes fantastiques du génial « Two-Gun Bob »!
Un rêve (paru au printemps 1971 dans The Howard Collector, l’œuvre précieuse de Glenn Lord) est en fait extrait d’une lettre adressée à Lovecraft, sans doute en juillet 1931. Ce très court texte, plus qu’une nouvelle, est le récit d’un rêve que fit Howard, intéressant à plus d’un titre. Outre les notations poétiques sur l’enfance, le lecteur appréciera l’obsession de REH concernant un frère ou une sœur qu’il n’a jamais eus, et l’interrogation finale sur le rêve et la réalité par-delà le sommeil. Comme l’énonçait le philosophe chinois, sommes-nous l’homme rêvant qu’il est un papillon, ou bien un papillon rêvant qu’il est un homme!
Image dans le feu (inédit aux USA, à ma connaissance, et première parution mondiale dans le présent volume) est une œuvre de jeunesse, à la limite du poème en prose, du fantastique et de la méditation philosophique sur la vie, le temps et la mort. Des images fugaces, la rêverie d’un instant, une grande émotion…
L’ombre de la mort (paru sous le pseudonyme de John Taverel, dans The Howard Collector, été 1966) est proche de l’ambiance de certains récits d’Ambrose Bierce. Le ton laconique, l’économie de moyens et la sécheresse volontaire créent un climat étrange et prenant, envoûtant et hanté par l’horreur. D’une efficacité exemplaire…
Le fantôme sur le seuil (paru sous le nom de Patrick Mac Conaire, dans The Howard Collector, printemps 1969) est une histoire classique de revenant, mais située en Irlande, ce qui lui donne un autre éclairage, du point de vue de notre auteur. En quelques lignes Howard restitue toute une époque, Cromwell, le soulèvement irlandais, le capitaine Turlogh Kirowan (la bataille de Clontarf et le grand roi Brian Boru sont même cités!) avec une rare maestria, tout en rapportant les faits à l’état brut… un petit chef-d’œuvre!
Les plantes de l’enfer (paru, comme Les démons du Lac Noir, en décembre 1973 dans WT50, une publication semi-professionnelle, éditée par Robert Weinberg à l’occasion du cinquantième anniversaire de la revue Weird Tales) nous offre à nouveau une vision cauchemardesque de la jungle africaine selon REH. L’horreur culmine et la dernière phrase est géniale… un texte digne de la mythique revue, The Unique Magazine!
L’horreur dans la nuit ( paru dans Cross Plains N°3, mai 1974) est un récit étrange et terrifiant, amalgame d’éléments composites que le lecteur reconnaîtra aisément : deux jeunes irlandais (ou plutôt deux Américains d’origine irlandaise!) règlent leur différend au cours d’un combat à poings nus, la nuit, dans une région désertique du Texas… et survient l’horreur! A la limite du cauchemar, cette nouvelle est écrite avec une grande sobriété, et la conclusion est proche de l’humour (très) noir d’Ambrose Bierce, une fois de plus! Un récit hallucinant…
La voix de l’Au-delà (paru dans Crypt of Cthulhu vol.5 N°5, Roodmas 1986) est une nouvelle fantastique (écrite sous le pseudonyme de Stephen (Kid) Allison, le lecteur appréciera!) qui a pour cadre le ring et les milieux de la boxe. Nous nous retrouvons dans l’ambiance des aventures de Steve Costigan et de Dennis Dorgan, avec la magnifique description d’un combat de boxe, mais sous un éclairage fantastique, puisqu’il s’agit d’un revenant, de la vengeance d’un boxeur mort un mois plus tôt! Howard mêle avec habileté ces deux éléments, et le résultat est très surprenant. Nous publierons dans un prochain volume deux nouvelles ayant pour héros Ace Jessel, un boxeur noir: The Apparition in the Ring (paru dans Ghost Stories en avril 1929) et Double Cross, dans la même veine.
L’empreinte sanglante (inédit aux Etats-Unis, première parution mondiale en 1986 dans Writer of the Dark, Dark Carneval Press, publication rassemblant des nouvelles et des poèmes de REH, que nous devons à Thomas Kovacs, spécialiste et grand admirateur de notre auteur!) est une autre histoire fantastique se passant dans les milieux de la boxe, avec à nouveau une vengeance d’outre-tombe! L’ambiance est légèrement différente de la précédente nouvelle, presque policière (enquête parmi la pègre de la « Petite Italie ») avec un magnifique portrait de Malissa, la belle et fougueuse Italienne. A la fin de l’histoire, le lecteur est libre de choisir… et de croire ou non au fantôme de Tony Azerello, revenu pour se venger… une conclusion digne d’Ambrose Bierce !
L’or du Cheval du Diable (paru dans The Howard Collector édité par Ace Books en 1979) fut écrit au printemps 1928, à la même époque que le roman semi-autobiographique de REH, Post Oaks and Sand Roughs (que nous publierons en 1988) et il y a bien des ressemblances : Cross Plains devient « Lost Plains », et le protagoniste s’appelle Mike Costigan (Steve Costigan dans Post Oaks…). Ce jeune écrivain déjà célèbre et consacré (il a publié de nombreux livres et nouvelles, et a un confortable compte en banque) c’est, bien sûr, Howard lui-même… ou plutôt tel qu’il voudrait l’être, tel qu’il se voit ou se rêve! Car la réalité est toute autre. Ce récit vaut autant par l’aventure qui nous est présentée (le jeune auteur volant au secours d’une « jeune fille en détresse » que par les notations – ou confessions – sur REH lui-même et un pays qu’il connaît bien, le Texas, une petite ville et le « boom » du pétrole auquel il consacra plusieurs articles. Ce qui n’exclue pas une certaine mégalomanie, puisque, à un moment, Mike Costigan, c’est-à-dire Howard, est présenté comme l’un des « meilleurs jeunes écrivains de sa génération »! Cette histoire échevelée, qui peut se lire sur plusieurs niveaux, contient une magnifique évocation historique (l’or « maudit », les Espagnols massacrés par les Indiens), un superbe combat à poings nus, et la très belle description d’un amour naissant entre Mike et Marilyn (à nouveau la franchise de REH, confinant à la naïveté, sur ses relations avec les femmes! ), sans oublier l’humour affiché et les références constantes à la fiction et aux personnages de roman. Ce « portrait de l’artiste en jeune homme », attachant et précieux tout à la fois, est exemplaire de la démarche de Howard: il rêve sa vie, et le rêve devient la réalité… l’aventure! Un récit étrangement prémonitoire, puisque le relations Mike/Marilyn annoncent la liaison (platonique) que Howard aura, bien des années plus tard, avec Novalyne Price Ellis (laquelle vient de publier un magnifique ouvrage: One Who Walked, Robert E. Howard, The Final Years, ou REH au jour le jour, durant les deux dernières années de sa vie! ouvrage indispensable que nous espérons bien publier dans un avenir plus ou moins proche). Le lecteur aura compris toute l’importance de ce texte!
Le manoir de la terreur (paru dans Skull-Face, Berkley Medallion Books, 1978) est une longue nouvelle que Howard laissa inachevée (soit 8500 mots) et que termina Richard A. Lupoff en 1977. En fait, comme le lecteur s’en rendra tout de suite compte, cette nouvelle est la suite de L’Horreur des abîmes (paru dans Le Pacte Noir) et nous retrouvons Stephen Costigan, John Gordon et Kathulos l’Egyptien, le Crâne Vivant, le Scorpion, digne équivalent de Fu Manchu, dans un climat proche des récits de Conan Doyle et de Sax Rohmer. Apparemment, Howard, en raison des difficultés financières de Weird Tales (qui avait publié Skull-Face en trois partie, d’octobre à décembre 1929) entraînant une parution espacée et la décision de Farnsworth Wright de ne plus publier de serials, malgré l’accueil enthousiaste des lecteurs fait à cette longue nouvelle, décida d’abandonner cette « suite », et nous ne pouvons que le regretter! Rappelons les deux aventures de Steve Harrison dans lesquelles Erlik Khan, le Maître des Morts, ressemble comme un frère à Kathulos, et soulignons une fois de plus la fascination de REH pour certains noms et prénoms : le Stephen (ou Steve) Costigan de la présente nouvelle n’a rien à voir avec le Mike Costigan du précédent récit, et encore moins avec Steve Costigan, le marin boxeur! John Taverel fut son pseudonyme pour trous nouvelles… le nom de Gordon apparaît dans plusieurs récits, ainsi que le prénom de Joan (dont Lupoff fit Joan La Tour, en référence à Steve Harrison)! Une remarque s’impose : Lupoff n’a pas réussi à se hisser au niveau de L’Horreur des abîmes, une superbe nouvelle fantastique et magique, préférant l’ambiance policière (et fantastique) des aventures de Steve Harrison ou des deux détectives de La main de la déesse noire, mais le pastiche est très réussi, et il est difficile de savoir à quel moment exact Lupoff reprend le récit laissé inachevé par Howard. Ce qui nous vaut une histoire savoureuse et échevelée à souhait!
A présent, en attendant L’île des épouvantes, voici ces dix nouvelles fantastiques, « la force des ténèbres », ou les diverses facettes de l’immense talent de Robert E. Howard, l’homme de Cross Plains!
François Truchaud
Ville d’Avray
29 juillet 1987
Dos du livre :
« Je vais parler ! suffoqua Hanson dans un sanglot de terreur. Que Dieu vienne à mon aide, je suis un homme mort ! Le Maître me réserve une fin horrible ! Stephen Costigan et John Gordon échangèrent un regard stupéfait. Le Maître... Cela confirmait leurs soupçons.
— Allons, Hanson, dit Gordon, nous savons que le Maître a trouvé la mort, lors de la terrible explosion qui a détruit tout un quartier de Londres.
— Le Maître est immortel ! s'écria Hanson. Il est âgé d'un million d'années, de dix millions d'années, personne ne le sait ! C'est un démon ou un dieu venu de la mer ! Ainsi Kathulos l'Egyptien, le Crâne Vivant, le Scorpion, était toujours en vie... Le monde courait un danger effroyable ! »
Découvrez au plus vite ces dix nouvelles... dans la veine du Pacte Noir, de L'Homme noir, des Habitants des Tombes et de bien d'autres volumes fantastiques du génial « Two-Gun Bob » !
Pour ce trente et unième REH chez Néo, un univers cauchemardesque, glauque et hanté par l'horreur... les Forces du Mal et de la Nuit se déchaînent sur le monde... la terreur et la mort sont au rendez-vous ! En attendant L'île des épouvantes...
Robert Ervin Howard est ré en 1906 à Peaster (Texas). Il s'est suicidé en 1936. Quinze ans de création littéraire lui ont suffi pour devenir l'un des maîtres du fantastique et de l'heroic fantasy. A l'exception des Conan (Lattes, puis J'Ai Lu), nous avons publié tout ce qui a été traduit de lui en français et nous continuerons : Le pacte noir, Kull le roi barbare, Solomon Kane, Le retour de Kane, L'homme noir, Bran Mak Morn, Cormac Mac Art, Agnès de Chastillon, El Borak l'invincible, El Borak le Redoutable, El Borak le Magnifique, El Borak l'Eternel, Wild Bill Clanton, Kirby O'Donnell, Cormac Fitzgeoffrey, Steve Harrison et le Maître des Morts, Steve Harrison et le talon d'argent, Vulmea le pirate noir, Sonya la Rouge, Les habitants des tombes, Le tertre maudit, Le chien de la mort, La main de la déesse noire, La route d Azraël, Almuric, Le seiqneur de Samarcande. Steve Costigan, Steve Costigan et le Signe du Serpent, Steve Costigan le champion, Dennis Dorgan, trente volumes magiques et fous, inoubliables, tous traduits par le meilleur spécialiste de l'œuvre de Howard que nous ayons en France : François Truchaud, à qui nous devons également la connaissance de l'œuvre poétique et fantastique de Howard, parue en édition de grand luxe, chez Néo, sous le titre Chants de guerre et de mort.