Titre Original : nouvelles
Collection : Fantastique - SF - Aventure n° 38
Date de Parution : Mars 1982
Traducteur : François Truchaud
Nombre de pages : 192
Couverture : Jean-Michel Nicollet
Sommaire du livre :
- La Fin du voyage, Introduction de François TRUCHAUD
- Les Collines de la mort (The Hills of the Dead), traduit par François TRUCHAUD
- Ramsey CAMPBELL & Robert E. HOWARD, L'Épervier de Basti (Hawk of Basti), traduit par François TRUCHAUD
- Le Retour de Sir Richard Grenville (The return of Sir Richard Grenville), traduit par François TRUCHAUD
- Des ailes dans la nuit (Wings in the Night), traduit par François TRUCHAUD
- Des bruits de pas à l'intérieur ! (The Footfalls Within), traduit par François TRUCHAUD
- Ramsey CAMPBELL & Robert E. HOWARD, Les Enfants d'Assur (The Children of Asshur), traduit par François TRUCHAUD
- Solomon Kane : la fin du voyage ? (Solomon Kane's Homecoming), Poésie, traduit par François TRUCHAUD
- Bibliographie américaine
Préface du livre :
La fin du voyage
« Où est Bess ? »
Kane is back ! Voici le second et dernier tome de la saga du Puritain à la triste figure ! De nouvelles aventures en perspective pour ce personnage étonnant, vengeur élisabéthain, conduit par le Destin, instrument de la colère et de la justice de Dieu ! Cette fois-ci, c’est l’appel de l’Afrique et de la jungle aux mystères innombrables et séculaires. L’Afrique obsédante, lancinante.
Kane poursuit le mal et traque l’horreur aux multiples visages. Mais plus qu’une mission divine, c’est la réponse à un appel irrésistible, celui de l’Aventure ! Ses adversaires sont des hommes habités par le Mal, mais aussi des vampires, des adorateurs de la Lune, de monstrueuses créatures ailées et les survivants d’une civilisation antique !
Jamais Kane n’a été confronté à ce point aux forces du Mal, jamais sa situation n’a été aussi désespérée. Paradoxe des paradoxes, pour vaincre la magie, bien souvent il a recours à la magie. D’où un noir sentiment de culpabilité !
Le bâton-vaudou, présent de N’Longa, le sorcier de la Côte des Esclaves, joue un rôle primordial dans ces épisodes. Chemin faisant, car Kane marche beaucoup, éternel voyageur inlassable et infatigable, il apprendra (presque) toute l’histoire de ce bâton très ancien... Présence de l’Histoire et des siècles passés, à nouveau et toujours chez Howard ! Et la rencontre ou réminiscence, idée sublime, de l’autre Salomon, roi d’Israël, qui chassa les démons et les enferma en d’étranges demeures ! La boucle est bouclée... Cinq nouvelles (et deux poèmes) imprégnées de fantastique, de magie noire, de vengeance, de folie et de sang ! « L’épervier de Basti » et « Les enfants d’Assur », récits inachevés à la port d’Howard, ont été repris et terminés par J. Ramsey Cambell, également auteur de la préface de l’édition américaine en poche de « Solomon Kane » Campbell nous rappelle opportunément qui fut Sir Richard Grenville, dont il est fait mention à plusieurs reprises. Cousin de Sir Francis Drake, en 1591, il est chargé, à la tête de six vaisseaux anglais, d’aller attendre aux Açores des navires espagnols chargés de trésors. A la place, surgissent vingt navires de guerre espagnols. Cinq vaisseaux anglais partent. Sir Richard Grenville se bat seul, quatorze heures durant. On lui offre de se rendre : il refuse, préférant la mort au déshonneur. Il meurt de ses blessures, étendu sur le drapeau anglais. Selon la légende, il aurait mâché du verre, des fragments d’un gobelet de vin, pour mettre fin à ses jours plus rapidement !
Un héros de la trempe de Kane, selon le cœur d’Howard ! « Toi qui es tombé à mon côté, il y a bien longtemps »... lui dit Kane, lorsqu’il vient à son secours, par-delà la mort. En effet, Kane a vécu d’autres aventures, en marge, que nous ne connaîtrons jamais et nous devons nous contenter de vagues allusions, de bribes. Ainsi Kane a servi sous les ordres de Drake, un bonne dizaine d’années, et son dos porte la marque des fouets musulmans ! Et c’est tout. Kane garde son mystère et acquiert une vie autonome, échappant à son créateur, enveloppé des brumes de l’Inconnu. Ainsi le poème final, ce « retour au pays » ironique et dérisoire, une fin du voyage qui n’en est pas une... qui est Bess, morte depuis sept ans, dont il a causé les larmes ? Certainement pas la Reine Elisabeth, probablement un amour ancien de Kane. « La beauté disparaît à jamais », dit-il laconiquement, même si la douleur est profonde ; puis il se tait, gardant son mystère, un de plus ! Pour repartir, attiré par l’Aventure.
Ces histoires sont sans doute parmi les plus violentes de Kane : les corps éclatent sous les coups, les crânes sont fracassés, la chair est lacérée, meurtrie, mise en lambeaux : le sang coule à profusion, parmi les lueurs de l’incendie. Le carnage est présent à chaque page. Kane, oubliant sa mission divine, est envahi par une fureur sanguinaire, un désir de détruire et d’anéantir ses adversaires. Une brume rouge flotte devant ses yeux et il se jette dans la mêlée... en cela, fort proche d’un autre personnage d’Howard. « Des aile dans la nuit » fut la dernière aventure de Kane à paraître dans « Weird Tales » en juillet 32 ; en décembre de la même année, paraissait dans la même revue « Le Phénix sur l’épée », la première aventure de Conan le Barbare, début d’une longue saga ! Il est évident qu’en filigrane se dessine déjà le personnage du Cimmérien. Les réactions physiologiques de Kane sont déjà celles du Barbare qui commence à envahir et à imprégner totalement l’esprit d’Howard !
L’aventure et l’action priment alors ; caractéristiques des personnages d’Howard. Des phrases les définissent... « Des hommes mourront pour ceci » dit Kane... « Par cette hache je règne ! » affirme Kull... « Je suis Conan le Cimmérien et par le tranchant de cette épée je vis ! » déclare Conan.
Kane le héros sombre et taciturne, au sein des brumes de la folie et de la mort, connaît la déraison et devient véritablement fou dans « Des ailes dans la nuit ». Tout en méditant sur sa vengeance à venir, il s’entretient longuement avec une tête desséchée, étonnante scène tragique et horrible. Kane ou le fou de Dieu. Et le destin, le retour illusoire et l’éternelle errance. Rappelons que la première partie de « Les collines de la Mort » a été publiée dans « L’Echo des Savanes Spécial USA n°9 (en1978) », numéro consacré entièrement à Howard, sur un texte de Roy Thomas et des dessins d’Alan Weiss et Neal Adams. Kane n’en finit pas de repartir, enfermé dans sa paranoïa, jamais satisfait, répondant à l’appel apporté par le vent dans la nuit :
« Dans ses yeux étranges et froids une lueur vagabonde brillait, entêtée et aveugle... »
Kane, surgi de la nuit, retourne à la nuit et garde son mystère. La fin du voyage ? Certainement pas... même si le film consacré à Solomon Kane semble s’être perdu dans le fog anglais et les brumes ténébreuses de l’Afrique. En attendant, le film de John Milius « Conan le Barbare » sort en France en avril... la fête de l’heroic fantasy, le triomphe d’Howard !
Peu après sa mort, on retrouva sur la machine à écrire d’Howard les derniers mots qu’il avait écrits avant de se suicider... un poème :
« Tout s’est enfui... tout est fini, aussi portez-moi sur le bûcher funèbre ;
La fête est terminée et les lampes s’éteignent. »
Vers qui me font irrésistiblement penser à la séquence finale de « Seven Women », le film sublime de John Ford. Mais à présent que la fête commence...
François Truchaud
Ville-d’Avray,
17 février 1982
Dos du livre :
Après Solomon Kane, Le retour de Kane rend complètes les aventures, jusqu'à présent inédites en France, de ce personnage inventé par Robert E. Howard, le père de Conan, de Kull le roi barbare et de tant d'autres.
Au coeur de l'Afrique ténébreuse et secrète, aux mystères innombrables et séculaires, Kane, ce puritain élisabéthain, conduit par le destin, instrument de la vengeance de Dieu, traque l'horreur aux multiples visages. Ses adversaires sont des hommes habités par le Mal, mais aussi des vampires, des harpies, les survivants d'une civilisation que l'on croyait disparue, les « morts qui marchent » et les akaanas, monstrueuses créatures allées.
Kane trouvera-t-il un jour la réponse à sa quête ? Aventurier solitaire, fou mystique, chevalier errant, puritain fanatique ? Qui est-il vraiment ?
En cinq nouvelles (et deux poèmes) imprégnées de fantastique, de magie noire, de vengeance, de folie et de sang, il est ici l'aventure par excellence, l'une des créations les plus sombres du génie de Howard.
Robert E. Howard est né en 1906 à Peaster (Texas, USA). Il s'est suicidé en 1936. Quinze ans de création littéraire lui ont suffi pour devenir l'un des maîtres du fantastique et de l'héroïc fantasy. Il n'était connu jusqu'à ces dernières années, en France, que pour son seul cycle Conan (Lattès/Titres SF). Nous sommes heureux d'avoir pu faire lire, depuis, au public français, une grande partie de son oeuvre restée (scandaleusement) inédite dans notre langue : Le pacte noir, Kull le roi barbare, Solomon Kane, en attendant Bran Mak Morn et d'autres personnages. Nous rééditerons aussi, en avril, L'homme noir. Aux USA, les « comics » ont rendu Kane aussi populaire que Conan et Kull et le cinéma vient de s'emparer des personnages de Howard : en attendant Solomon Kane, le film de John Millius Conan le barbare, avec Arnold Schwarzenegger, sortira en France le 7 avril 1982. La fête de l'heroic fantasy ! Le triomphe de Howard !