Titre Original : Worms of the Earth
Collection : Fantastique - SF - Aventure n° 60
Date de Parution : Novembre 1982
Traducteur : François Truchaud
Nombre de pages : 184
Couverture : Jean-Michel Nicollet
Sommaire du livre :
- Préface, Préface de François TRUCHAUD
- Avant-propos, Introduction, traduit par François TRUCHAUD
- La Race oubliée (The Lost Race), traduit par François TRUCHAUD
- Les Hommes des ténèbres (Men of the Shadows), traduit par François TRUCHAUD
- Les Rois de la nuit (Kings of the Night), traduit par François TRUCHAUD
- Un chant de la race (A Song of the Race), Poésie, traduit par François TRUCHAUD
- Les Vers de la terre (Worms of the Earth), traduit par François TRUCHAUD
- Fragment (Fragment), traduit par François TRUCHAUD
- Le Crépuscule du dieu gris (The Grey God Passes), traduit par François TRUCHAUD
Préface du livre :
Bran, Cororuc, Cormac
...et les Picts !
Le sixième live de Robert E. Howard publié par Néo, et ce n’est qu’un début ! Après Le Pacte noir, le roi Kull, Solomon Kane, L’Homme noir... en attendant Cormac Mac Art, Agnès de Chastillon, Dennis Dorgan, El Borak et bien d’autres !... voici Bran Mak Morn, le loup de la bruyère, le roi des Picts (la race oubliée) le chef des Hommes des Ténèbres !
Bran Mak Morn, homme solitaire et taciturne, fier e révolté, barbare et sauvage, roi de la lande et des êtres oubliés par l’Histoire ! Bran se bat pour sa liberté et pour celle de son peuple, face aux Romains, envahisseurs sans pitié ! Il lutte pour qu’une trace de son passage sur cette terre reste présente à la mémoire des hommes, pour que son peuple ne sombre pas dans l’oubli du Temps. Le Temps, le passage des éons, l’Oubli, les Ténèbres, les illusions, la vanité du pouvoir et de la gloire ! Thèmes Howardiens entre tous, magnifiquement illustrés, une fois de plus, par Bran, qui s’ajoute à la longue lignée des héros chers au cœur d’Howard, l’un des plus sombres et désespérés. Roi des ombres, roi des illusions. Seul compte l’instant présent, car à peine surgi de l’oubli du passé, l’Homme est englouti par le futur, recouvert par la poussière du Temps [1] !
« Que sommes-nous tous, sinon des spectres disparaissant dans la nuit ? » déclare Cormac de Connacht à la fin des Rois de la Nuit. Un pessimisme très noir...
Bran Mak Morn n’est pas inconnu des lecteurs, puisqu’il figure déjà dans L’Homme Noir, première nouvelle du recueil au titre homonyme, même si le Temps a déjà passé et qu’il n’est plus qu’un souvenir pour les Picts, une statue dont l’ombre redoutable plane sur cette histoire. C’était la première des deux aventures de Turlogh O’Brien contenues dans ce recueil : dans la dernière nouvelle du présent recueil Le Crépuscule du Dieu Gris, nous retrouvons Turlogh le Noir, encre jeune homme (il a approximativement dix-huit ans), respectivement trois et cinq ans avant les événements relatés dans L’Homme Noir et Les Dieux de Bal-Sagoth ! Le lecteur avisé reconnaîtra au passage d’autres acteurs du grand drame écrit par Howard, qui tisse patiemment son grand-œuvre à travers le Temps et l’Histoire. La geste howardienne ou la Tragédie Humaine selon Howard !
Constantes dans l’ouvre, thèmes identiques, personnages très proches, à l’image de leur créateur. Même fascination pour l’Histoire et le Passé. Ici la Bretagne (l’Angleterre au temps de la conquête romaine) avec ses Picts de Calédonie et déjà d’autres envahisseurs : les Normands, Saxons et autres Vikings. Howard reprendra le même thème, à une époque légèrement ultérieure, en contant l’histoire de Cormac Mac Art et de Wulfhere le Viking (livre à paraître chez NéO en janvier 83 !).
Howard explique son intérêt pour les Picts (terme repris dans la saga de Conan !) dans l’avant-propos qui suit en des termes si brillants et si lucides qu’il est inutile de s’attarder davantage. Soulignons seulement le passage où il parle de ses rêves... « pas de rêveries diurnes, mais de véritables rêves »... et l’image surgit en nous d’un Howard aux rêves si puissants, trop grands pour un seul homme, qu’il est obligé de les porter sur le papier, pour vivre plusieurs vies durant le bref laps de temps qui lui est imparti ! Jamais créateur n’a été plus lucide et n’a mené avec autant de fougue le grand combat contre le Temps pour accoucher de sa Création.
Dans une lettre adressée à Farnsworth Wright, editor de Weird Tales, en 1931, Howard écrivait : « De temps à autre, l’un de nous trouve que la vie devient trop difficile (the going too hard) et se fait sauter la cervelle, mais je suppose que cela fait partie du jeu... » Déclaration prophétique, prémonitoire, qui ravit le critique soucieux de justifier sa prose et son argumentation sur les relations entre la vie/l’homme et l’œuvre. Mais qui se plaindrait que la mariée soit trop belle ! Cette phrase semble l’évidence même, l’accord intime, la fidélité à soi-même et à ses engagements, que clame chaque phrase de l’œuvre d’Howard.
Dans Les Rois de la Nuits, Bran fait appel à Kull, le roi barbare de Valusie, pour vaincre les légions romaines qui tentent de subjuguer le peuple indompté de Calédonie ! Ce qui nous vaut des pages sublimes commençant d’une manière ironique, à la limite du clin d’œil, pour s’achever sur une sombre méditation, d’un pessimisme absolu, avec -au milieu- une magnifique interrogation sur le Temps et l’Espace qui n’existent pas, la vie et le rêve, la relativité des choses. « Tu rêves, certes, dit Gonar à Kull qui croit rêver, mais la vie n’est-elle par un rêve ? Comment peux-tu être certain que ta vie antérieure n’était pas seulement un rêve dont tu viens de te réveiller ? » Avis à ceux qui font la fine bouche devant les écrits d’Howard ! Et pour enfoncer définitivement le clou, cette autre citation : « Assurément, la vie est faire de fantômes, de rêves et d’illusions, et le royaume qui vient de naître, sans aucun doute, n’a guère plus de consistance que l’écume des vagues sur la mer d’azur ! »
Dans Les Vers de la Terre, Bran, a recours aux rejetons des Ténèbres et à de sombres maléfices, pour œuvrer un terrible vengeance contre Titus Sulla, gouverneur d’Eboracum ! Mais tel Hamlet - Shakespeare à nouveau ! - Bran en restera marqué à jamais, souillé par cette alliance contre-nature, maudit et se perdant en voulant se venger ! Lovecraft qualifia cette nouvelle de « chef-d’œuvre macabre » et les critiques outre-Atlantique (August Derleth notamment, un connaisseur !) considèrent que c’est l’un des meilleurs textes d’Howard. Soulignons au passage qu’il est question d’une Pierre Noire... qui est le titre d’une autre nouvelle d’Howard, paru dans Légendes du Mythe de Cthulhu (Christian Bourgeois, éd., 1975). On n’en finirait pas de relever les analogies, correspondances, liens étroits qui unissent les thèmes, personnages et textes d’Howard ! Une œuvre cohérente par excellence, par-delà le bouillonnement et la sauvagerie de pages pleines de bruit et de fureur ! La dernière nouvelle Le Crépuscule du Dieu Gris ne fait pas partie de la sage de Bran Mak Morn. Elle figure dans ce recueil parce qu’elle me semble conclure parfaitement cette heroic fantasy sanglante se passant en Bretagne occupée par les Romains et les événements relatés, ultérieurs - la bataille de Clontarf en 1014, qui mit fin à la puissance saxonne en Angleterre, Ragnarok, la chute des dieux païens, d’Odin ! - forment le lien idéal avec le prochain volume d’Howard à paraître chez NéO : Cormac Mac Art ! Le lecteur perspicace s’apercevra très vite de la ressemblance entre cette nouvelle et celle figurant dans le recueil Le Pacte Noir sous le titre : Le Cairn du Dieu Gris. Ce sont les mêmes événements, avec pratiquement les mêmes personnages, mais dans Le Cairn (probablement écrit postérieurement) Howard fait alterner le présent et le passé, avec un élément fantastique plus grand. La grande bataille entre les Ténèbres et la Lumière, l’Ancien et le Nouveau, Odin et le Christ Blanc ! Howard est coutumier du fait, reprenant d’anciennes histoires pour les récrire, légèrement modifiées, avec d’autres noms de lieux et de personnages. Mas ce sont bien deux nouvelles complètement différentes.
Pour finir, un rapide éclairage cinématographique : dans Les Rois de la Nuit, au plus fort de la bataille, Howard glisse innocemment une citation entre deux phrases descriptives ruisselantes de sang : « Celui que les dieux veulent détruire... ils le rendent d’abord fou. » Citation d’Euripide que Samuel Fuller a placée en exergue de son Shock Corridor ! Rencontre inattendue que le lecteur aura tout loisir de méditer !
Voici Bran Mak Morn « celui qui nous guide et nous arrache aux ténèbres » au sein d’un univers féroce et barbare. Imprégné de fantastique, de magie noire, de vengeance, de folie guerrière et de sang ! Voici R.E.H., grand conteur devant l’Eternel, fasciné par le Passé et l’Histoire, obsédé par les Picts, la « race oubliée » !
« Et la vie et le temps et l’espace ressemblèrent pour lui à un rêve peuplé de fantômes, et il s’interrogea sur ce mystère jusqu’à la fin de ses jours... »
Voici le chant de la race, les premiers et les derniers de la race, lorsque le monde croulera...
François Truchaud
Ville d’Avray
17 octobre 1982.
Dos du livre :
Bran Mak Morn, le loup de la bruyère, le roi des Picts (la race oubliée), le chef des hommes des ténèbres, homme solitaire et taciturne, fier et révolté, barbare et sauvage, roi de la lande et des êtres oubliés par l'Histoire, Bran Mak Morn se bat pour sa liberté et pour celle de son peuple, face aux Romains, les envahisseurs sans pitié.
Dans « Les rois de la nuit », c'est Kull, le roi atlante de Valusie, qu'il appelle à son aide, mais dans « Les vers de la Terre » (que Lovecraft qualifiait de « chef-d'œuvre macabre » et qui est considéré outre-atlantique comme l'une des meilleures nouvelles jamais écrites par Howard) c'est aux rejetons des Ténèbres et à de sombres maléfices qu'il a recours. Car Bran Mak Morn, l'un des héros les plus puissants de Howard, est aussi l'un des plus sombres et des plus désespérés. Pour lui, qui est le roi des ombres, des illusions et de la vanité des choses, seul compte l'instant présent : les ères se succèdent et l'oubli du Temps recouvre les hommes à jamais.
Après Le pacte noir, L'homme noir, Kull le roi barbare, Solomon Kane, Le retour de Kane..., en attendant Cormac Mac Art, Agnès de Chastillon, Dennis Dorgan, El Borak, et bien d'autres héros exemplaires jaillis du cerveau génial de Howard, grand conteur devant l'Éternel, fasciné par le passé et l'Histoire, découvrez la flamboyante saga de Bran Mak Morn ! Un univers féroce et barbare, imprégné de fantastique, de magie noire, de folie guerrière et de sang ! Une heroic fantasy épique qui se passe en Bretagne, sous l'occupation romaine.
Robert E. Howard est né en 1906 à Peaster (Texas, USA). Il s'est suicidé en 1936. Quinze ans de création littéraire lui ont suffi pour devenir l'un des maîtres du fantastique et de l'heroic fantasy de ce siècle. Outre les cinq ouvrages déjà cités — et que nous avons tous publiés dans cette collection qui s'enrichira bientôt de Cormac Mac Art — on peut lire de lui (dans la collection Titres/SF que Marianne Lecomte dirige chez Lattès) la série bientôt complète des Conan dont John Milius a tiré, avec le succès que l'on sait, son film Conan le barbare. Mais avant le cinéma, aux USA, les « comics » avaient rendu célèbres les principaux personnages imaginés par Howard, ce qui, bien qu'avec retard, devient également vrai chez nous.