Titre Original : The Sword Woman
Collection : Fantastique - SF - Aventure n° 78
Date de Parution : Juin 1983
Traducteur : François Truchaud
Nombre de pages : 180
Couverture : Jean-Michel Nicollet
Sommaire du livre :
- Avant-propos, Introduction de François TRUCHAUD
- Préface de Leigh BRACKETT
- Agnès la Noire (Sword Woman), traduit par François TRUCHAUD
- Des épées pour la France (Blades for France), traduit par François TRUCHAUD
- Robert E. HOWARD & Gerald W. PAGE, La Maîtresse de la mort (Mistress of death), traduit par François TRUCHAUD
- Au service du roi (The King's Service), traduit par François TRUCHAUD
- L'Ombre du Hun (The Shadow of the Hun), traduit par François TRUCHAUD
Préface du livre :
Avant-Propos
Je n’aurais pas l’outrecuidance de me répandre en un longue - autant qu’inutile - introduction, puisque, dans un instant, vous lirez la préface de Leigh Brackett, merveilleuse d’intelligence et de concision, où tout est dit sans emphase ni discours alambiqué, et avec beaucoup d’humour, ce qui ne gâte rien !
Je me bornerai à dire que ce huitième volume d’Howard publié par NéO constitue une surprise de taille, puisqu’il contient les trois aventures de la seule héroïne jamais créée par notre auteur, si l’on excepte les deux femmes « agissantes » que rencontre Conan le Cimmérien au cours de ses errances : Valéria de la Fraternité Rouge (Les Clous Rouges) et Bêlit, la femme-pirate (La Reine de la Côte Noire). Les créature féminines rêvées par REH ont, certes, bien d’autres attributs, mais ne sont pas des guerrières, d’ordinaire.
Et tant pis pour ceux qui prenaient Howard pour un parfait misogyne (ce qualificatif étant le plus tendre parmi ceux employés par une certaine critique - hum, hum ! - française). Crom, dieu de l’heroic fantasy, jugera et reconnaîtra les siens !
Trêve de plaisanterie, voici Agnès de Chastillon à la chevelure rousse et à la beauté sombre, qui traverse la vie à la vitesse d’un météore, porteuse de tragédie et de destin, messagère de la Mort ! « Live fast, die young ! » comme disent les Américains qui s’y connaissent : vivre vite et dangereusement, mourir jeune ! Nous sommes en plein romantisme, ce qui ne saurait nous étonner, puisque les aventures d’Agnès se situent dans une France (le lecteur relèvera sans peine de savoureux anachronismes et erreurs ou « contractions » historiques ; pourtant le tableau de cette France brossé par REH est singulièrement vivant et vrai ! Nagerions-nous en pleine uchronie, sans le savoir ?) sortant à peine du Moyen Age, encore imprégnée du souvenir de Jeanne d’Arc et de Gilles de Rais, et se dirigeant vers la Renaissance, avec son cortège de guerres italiennes et d’intrigues à la Cour !
La petite paysanne se découpe un chemin sanglant et devient, à la pointe de son épée, Agnès le Noire ! Un personnage howardien par excellence, puisque, comme tous les autres héros de REH, elle se taille une place à sa mesure et proclame à la face de l’univers son individualité et sa liberté. A double titre : étant une femme dans un monde dirigé par les hommes, elle dépasse sa condition féminine (socio-économique, comme le montre excellemment Leigh Brackett, et profonde, physiologique= pour devenir la Maîtresse de la Mort, c’est-à-dire un être asexué et insensible, vivant et jouissant de sa seule liberté et de son indépendance totale. Elle se jette à corps perdu dans l’Aventure et les trois volets de sa saga relatent son parcours, sa trajectoire et son initiation au monde et à la vie, par l’intermédiaire - et au contact, bien plus au choc ! - des hommes qu’elle rencontre, chemin faisant. Etienne, Guiscard et John Stuart sont les trois facettes (il y en a bien d’autres !) de l’homme, éternel adversaire de la femme. Chacun d’eux lui apprend quelque chose, des liens se créent, mais, au moment où ils risquent de devenir trop intimes, Agnès prend ses distances, proclame farouchement sa solitude et sa liberté - son destin - et repart « sur la route ».
Rencontrera-t-elle un jour un partenaire digne d’elle, de ses aspirations et de ses rêves flamboyants ? De même que Conan fait la connaissance de Bêlit et vit un amour absolu, bien que fugitif, promis à la mort et à l’oubli ? Seul Howard, reparti vers son Valhalla personnel, le sait ! Qu’importe, Agnès la Noire vit par-delà ces pages, d’une vie autonome, en chacun de nous. Les rêves sont plus forts que la réalité...
Brève précision : la nouvelle La Maîtresse de la Mort, inachevée à la mort d’Howard, a été terminée par Gerald W. Page. Cette histoire n’avait pas de titre et comportait un synopsis pour le restant du récit ; Page s’en est servi pour la compléter. Sa collaboration posthume commence vers le milieu de l’histoire, au paragraphe débutant par : « Stuart me précédait... » (pages 106).
L’Ombre du Hun nous permet de retrouver une connaissance de longue date, puisqu’il s’agit d’une aventure de Turlogh O’Brien : aux côtés d’Athelstane le Saxon, il était le héros de L’Homme Noir et des Dieux de Bal-Sagoth (dans le recueil L’Homme Noir). Il participait, encore tout jeune homme, à la bataille de Clontarf, racontée dans la nouvelle Le Crépuscule du Dieu Gris (dans le recueil Bran Mak Morn).
L’Ombre du Hun et Au service du Roi, deux récits inachevés, frappant pourtant par leur richesse et leur beauté. Howard prodigue son immense talent de conteur et donne libre cours à ses rêves et à sa vision de l’Histoire, de la jeunesse de l’Homme. Aventures folles, choc de civilisations, évocation unique des Premiers Temps : Gaël, Grec, Saxon, Hindou, pirate d’Erin, Huns et Slaves... tout se mélange et se brasse, comme seul Howard sait le faire. Avec en toile de fond, la civilisation aryenne et les grandes migrations de l’Humanité. A nouveau la fascination d’Howard pour les origines de l’Homme, comme s’il était à la recherche de sa propre identité, à la recherche de ses rêves perdus. Certaines pages sont littéralement écrites à la première personne et vibrent de lyrisme, de bruit et de fureur, de passion. Avec ces deux ébauches de récits, on pourrait écrire trois ou quatre romains, tant les idées fourmillent, brillant d’intelligence et d’intuition, excusez du peu !
Découvrez à présent Agnès de Chastillon, l’un des plus beaux personnages issus de l’imagination baroque d’Howard, un être épris d’absolu ! To be or not to be... et ce n’est pas la couverture de Nicollet qui me contredira. Partez à la recherche du visage énigmatique d’Agnès la Noire ; en cours de route, vous risquez fort de renctontrer la Res Adventura...
François Truchaud
Ville-d’Avray
20 mai 1983.
Dos du livre :
Je bois, je me bats et je vis comme un homme...— Mais tu aimeras comme une femme ! Au lendemain du Moyen Age, dans une France encore imprégnée du souvenir de Jeanne d'Arc et de Gilles de Rais et se dirigeant vers la Renaissance, avec les guerres d'Italie et les intrigues de la cour de François 1er, voici Agnès de Chastillon qui, ayant tué l'époux que son père voulait lui imposer, devient Agnes la Noire, la Maîtresse de la Mort. A la pointe de son épée, elle se découpe un chemin sanglant dans le monde des hommes. Insensible, immuable, porteuse de tragédie et de destin, elle traverse la vie comme l'une des Parques.
Les hommes qui l'accompagnent ne font pas de vieux os, innombrables sont ses adversaires, dont le sorcier italien Costranno.Agnès de Chastillon, l'un des plus beaux personnages issus de l'imagination baroque de Howard, constituera une surprise de taille pour ses admirateurs, puisqu'il s'agit d'une héroïne. "Quel dommage que Howard n'ait pas écrit plus d'histoires sur Agnès la Noire ! C'était vraiment un personnage exceptionnel..., plus intelligent que Conan, plus séduisant que Solomon Kane et une aussi fine lame que tous les autres héros de Howard (...) ; comme la Jirel de Joiry.de Catherine Moore, elle porte une armure et manie l'épée avec une efficacité mortelle. Une lecture passionnante, car Howard était passé maître dans l'art de raconter..."Leigh Brackett (Préface).
Né en 1906 au Texas Robert Ervin Howard s'est suicidé en 1936. Devenu l'un des maîtres du fantastique et de l'hernie fantasy américains en quinze ans de création littéraire, on lui doit une œuvre considérable que la France découvre depuis quelques années. Dans cette même collection, ont paru : Le pacte noir, Kull le roi barbare, Solomon Kane, Le retour de Kane, L'homme noir, Bran Mak Morn, et Cormac Mac Art. Quant aux aventures de Conan, elles ont paru chez Lattes, dans la collection "Titres SF". Si le cinéma a popularisé ce dernier personnage, grâce au tilm de John Milius. les bandes dessinées ont rendu célèbres nombre de ses autres créations et Kull est en cours de tournage aux Etats-Unis.