Nouvelles Editions Oswald - L'île des épouvantes

Titre Original : nouvelles

Collection : Fantastique - SF - Aventure n° 199
Date de Parution : Novembre 1987
Traducteur : François Truchaud
Nombre de pages : 160
Couverture : Jean-Michel Nicollet


Sommaire du livre :



- L'Ile de tous les dangers, Préface de François TRUCHAUD
- Le Fils de Genseric (Genseric's son), traduit par François TRUCHAUD
- Brachan le Celte (Brachan the Kelt), traduit par François TRUCHAUD
- La Tour du temps (The tower of time), traduit par François TRUCHAUD
- Le Gardien de l'idole (The guardian of the idol), traduit par François TRUCHAUD
- Eithriall le barbare (Two against Tyre), traduit par François TRUCHAUD
- Lances de Contarf (Spears of Clontarf), traduit par François TRUCHAUD
- L'Ile des épouvantes (The isle of the eons), traduit par François TRUCHAUD


Préface du livre :

L’île de tous les dangers

« Robert, je pense qu’un jour vous serez l’un de nos plus grands écrivains. Développez votre talent ! » Cette phrase prophétique était en fait l’observation d’un professeur, corrigeant un devoir d’anglais du jeune Howard, rédigé en 1921, et qui avait pour titre Images dans le feu, que nous avons publié dans Le manoir de la terreur ! Une œuvre de jeunesse, en vérité, mais très prometteuse et « professionnelle » à plus d’un titre, annonçant tout le génie de REH. Pour preuve nous citerons une phrase de la dernière nouvelle de ce volume, écrite en 1925 (donc Howard avait dix-neuf ans !) : « Maintenant je comprenais que le passé était imprégné de ténèbres et d’horreur, qui détruiraient l’esprit et l’âme d’un homme si jamais il se souvenait de toutes ses expériences antérieures. L’esprit se désintégrerait, anéanti par le spectacle des siècles ténébreux, des océans du Temps… »
Les sept nouvelles du présent recueil, le trente-deuxième REH chez NéO, sont représentatives du génie visionnaire de « Two-Gun Bob » par le biais du fantastique, de l’heroic fantasy et de l’aventure, et nous permettent de mieux comprendre les mécanismes de sa création, sa démarche intellectuelle et son métier d’écrire… et de vivre. Certaines de ces nouvelles, toute inédites du vivant et publiées de longues années après sa mort, sont des « fragments », des histoires inachevées ou terminées par d’autres, et l’une d’elles fut refusée par les éditeurs de l’époque (Howard était coutumier de ce fait !) mais elles reflètent parfaitement ce bouillonnement intérieur, cette explosion, ce jaillissement continuel d’une création pleine de tumulte, de bruit et de fureur dont je parlais à propos du Pacte Noir. Wallah ! Howard est grand et il n’y a de vérité qu’en Howard !
Les quatre premières nouvelles de ce recueil nous permettent de retrouver le personnage de James Allison, dont le lecteur a déjà pu lire trois aventures : La vallée du ver et [i]Les guerriers du Valhalla[i] dans Le Pacte Noir, et Le jardin de la peur dans L’homme noir. Ce cycle de la racial memory, comme disent les Américains, (que l’on pourrait traduire par mémoire, ou souvenirs, de la race, ou encore mieux « mémoire collective ») est l’un des plus étranges et mystiques qu’ait entrepris Howard, puisqu’il y est question de réincarnation et du souvenir de vies antérieures. Howard fut sans doute influencé par Jack London et son Vagabond des Etoiles, par plusieurs romans de Rider Haggard et également par un roman d’Edwin Lester Arnold, Phra the Poenician, comme nous le signale Javier Martin Lalanda, dont nous reparlerons dans un instant. Mais le thème est typiquement howardien et les histoires splendides et « inspirées ». Ainsi James Allison fut Hunwulf, Nirod, Hialmar, il y a longtemps, très longtemps… mais il fut également…
Le Fils de Genseric (inédit aux Etats-Unis, à ma connaissance, et première parution mondiale en juillet 1985 dans Berserkr, un fanzine espagnol, animé par Javier Martin Lalanda, grand admirateur du Texan, et qui a contribué à la connaissance de son œuvre dans la péninsule ibérique, un exploit !) est un « fragment » ou texte laissé inachevé par Howard, mais il constitue un « pré-générique » d’une grande beauté et d’une puissance stupéfiante, dont l’ambiance est proche d’une aventure de Conan, La fille du géant du gel, in Conan le Cimmérien, au style éminemment poétique. C’est une véritable profession de foi de la part de Howard (« Car j’appartiens à cette Terre, définitivement… ») et l’on est emporté par le flot d’images et de visions mystiques, à l’échelle cosmique !
Brachan le Celte (première parution mondiale dans le présent volume) est un autre « fragment » où les idées abondent : la description de Taramis, la jeune femme qui aime éperdument Brachan, « Dévoreuse de Crânes » ou la saga lyrique consacrée à cette épée (un flot d’images splendides en quelques lignes !) et toujours ce préambule visionnaire sur le lointain passé de l’humanité.
La tour du temps (paru dans le magazine Fantastic en juin 1975) est un autre fragment de Howard (titre original : Akram the Mysterious, soit 2 200 mots) que termina Lin Carter : sa « collaboration commence lorsque Hengibar arrive dans la mystérieuse cité. A nouveau un introduction d’une grande beauté, reprise ou réutilisée dans Le Jardin de la Peur, et une splendide évocation de l’Aube des Temps, du commencement de l’Histoire de l’Homme, et même d’un passé encore plus lointain (ce thème a été également traité par Lovecraft, Smith et bien d’autres). Notons l’hymne au corps, à la force physique, à la vie, et remarquons que Lin Carter, tout en s’écartant du propos initial, a néanmoins écrit une excellente nouvelle, aux idées originales.
Le gardien de l’idole (paru dans Weird Tales N°3, édité par Lin Carter et publié en 1981 par Zebra Books) est une histoire inachevée de Howard, soit 700 mots et un synopsis complet, que termina Gerald W. Page, lequel avait déjà terminé La Maîtresse de la Mort, une aventure d’Agnès de Chastillon. Cette fois, James Allison se souvient qu’il a été Gorm du Peuple du Bison. Où se passe vraiment cette histoire ? En Amérique, dans un lointain passé ? S’agit-il d’Indiens ? Rien ne permet de le savoir, mais le récit est vivement mené et Gerald W. Page a su retrouver le « ton » howardien, pour notre plus grand plaisir.
Pour en finir avec James Allison (une longue étude serait nécessaire et passionnante !) soulignons que lorsque Howard parle de race pure et d’Aryens, il se réfère à un passé très reculé, aux mythes de l’Humanité et de son Histoire, un détail qui a son importance !
Eithriall le barbare (paru dans The Howard Collector, l’œuvre de Glenn Lord, au printemps 1970) fut sans doute écrit vers 1930. A cette époque, Howard écrivit plusieurs récits « historiques ». La description de la ville de Tyr est magnifique et nous remet en mémoire certaines descriptions similaires dans des aventures de Conan. De surcroît, Eithriall n’est pas sans annoncer Conan le Cimmérien, bien qu’il soit gaulois : il mange, boit et jure (« Par Crom ! ») comme Conan. Rappelons que la première aventure de Conan parut dans Weird Tales en 1932. Eithriall, le prototype ou la première ébauche de Conan ? Pourquoi pas ? De toute évidence, cette histoire constituait un premier chapitre, et Howard projetait d’écrire la suite des aventures d’Eithriall. Renonça-t-il à ce projet pour se lancer dans la rédaction des aventures du Cimmérien ? A nouveau ce bouillonnement, cette fébrilité d’écrire, cette création tous azimuts, « laissant en plan » une histoire pour se jeter à corps perdu dans une autre histoire, un autre univers, et rêver d’autres personnages !
Les lances de Clontarf (inédit aux USA, première parution mondiale en 1986 dans Writer in the Dark, Dark Carneval Press, publication suisse et néanmoins en langue anglaise, que nous devons à Thomas Kovacs, autre grand spécialiste et admirateur de REH) fut proposé le 1er juin 1931 aux Clayton Publications, sans doute pour le magazine Soldiers of Fortune. Dans sa lettre accompagnant l’envoi de ce texte, Howard déclarait : « En écrivant cette histoire, je me suis plongé dans l’histoire et la légende, m’efforçant d’entremêler les faits historiques et mythes populaires d’une façon réaliste et logique. Je suis convaincu que presque toutes les légendes trouvent leur origine dans des faits réels, mais ceux-ci ont tellement été changés et déformés qu’il est impossible de les reconnaître. » Les Clayton Publications refusèrent « Spears of Clontarf ». Sans se décourager (comme à son habitude) Howard récrivit aussitôt cette histoire, en y introduisant un élément fantastique. Il l’envoya à Weird Tales, en l’intitulant « The Grey God Passes ». Mais le rédacteur en chef de cette revue, Farnsworth Wright, la refusa à son tour, en disant : « L’histoire en elle-même, l’intrigue, me semble trop mince, et l’élément fantastique est moins fort que je l’aurais souhaité. Et vous avez mis en scène tellement de personnages que le lecteur est incapable de les retenir. Il y a tellement de noms propres que le lecteur se perdrait très vite et ne saurait plus qui est qui, ni à quel camp il appartient, et il ne trouverait plus aucun intérêt à la lecture de ce texte. » Un jugement sévère, mais juste en partie, que le lecteur français n’approuvera sans doute pas, puisqu’il a apprécié The Grey God Passes/Le Crépuscule du Dieu Gris dans le recueil consacré à Bran Mak Morn ! Et la comparaison entre les deux textes est passionnante et permet de voir la méthode de travail de Howard, la façon dont il a redécoupé son texte original, changeant de place certains passages, introduisant l’élément fantastique du Dieu Gris. La partie centrale du récit, la bataille grandiose, est identique, mais le lecteur, je n’en doute pas, aura le plaisir de « redécouvrir » une histoire qu’il a déjà lue, avec le « petit peuple » et les Pictes, notamment. Et des phrases étonnantes : « Ce fut l’agonie titanesque d’une époque révolue… le crépuscule d’une ère sur le point de disparaître. » Précisions que cette histoire fut publiée aux Etats-Unis en 1978 par George T. Hamilton, un « booklet » tiré à 152 exemplaires, un « collector’s item », assurément ! Et cette phrase finale : « Que sommes-nous sinon les spectres disparaissant dans la nuit ? » L’un des plus beaux textes de Howard, à relire avec plaisir !
L’île des épouvantes (paru dans le recueil The Gods of Bal-Sagoth, en avril 1979 chez Ace Books) fut écrit en 1925, comme nous le précise Glenn Lord dans sa postface. Donc Howard avait dix-neuf ans, lorsqu’il écrivit cette longue nouvelle, ce qui laissera le lecteur pantois, sans nul doute ! Car ce texte foisonne d’idées (trop, diront certains !) et d’images somptueuses, et regorge de phrases étonnantes, d’une précocité remarquable ! L’île de tous les dangers, effectivement, et le lecteur y trouvera son compte : une île mystérieuse, des souterrains hantés par une créature « lovecraftienne » ( ?), des temples, des ruines et des hiéroglyphes, des idoles, une pyramide de métal (Abraham Merritt ?) un escalier gigantesque « conduisant vers les étoiles », et j’en passe ! Howard fut certainement influencé par le livre de James Churchward, Mu le continent perdu, lorsqu’il écrivit cette histoire sur une civilisation perdue (la Lémurie en l’occurrence) mais sa vision est cauchemardesque, hallucinée. C’est bien l’œuvre d’un visionnaire inspiré, traitant à nouveau de la réincarnation (avec la prodigieuse idée du perpétuel recommencement, ce qui nous permet de saluer au passage Henry Hathaway et son film (La cité disparue !) des gouffres de l’espace et du temps, de la menace surnaturelle. Citons encore le silence qui recouvre éternellement l’île, out le début de récit, démentiel, à la Jack London, l’évocation du passé de la Lémurie, les apparitions de la « Chose », le squelette sur la porte, ad libitum ! Enfin, l’allusion à la Valusie et au culte du Serpent, soit la « prémonition » de Kull le roi barbare, dont la première aventure devait paraître dans Weird Tales en 1929 ! L’île magique des illusions, l’île mystérieuse ! Un seul regret : Howard ne termina jamais cette histoire, bien qu’il en ait écrit au moins trois versions différentes. Pour quelle raison ? Nous ne le saurons jamais. Etait-ce pour des raisons techniques ? Avait-il introduit tellement d’éléments disparates qu’il ne savait plus comment conclure ? Ou bien se lança-t-il dans la rédaction d’autres nouvelles, dans la création d’autres personnages ? Comme toujours, écartelé (le X des noms propres figurant dans cette histoire, comme le Y dans Almuric !) entre des aspirations contraires, Howard poursuivait son aventure intérieure, laissant au lecteur le soin de conclure lui-même ! Aussi, lecteur, un peu d’imagination, que diable !
On aura compris que ces sept nouvelles nous permettent de pénétrer au cœur de la création howardienne, et que la quête est tout aussi passionnante et magique, qu’il s’agisse de textes complets ou inachevés. REH au jour le jour, à n’en plus finir !
A présent, en attendant La flamme de la vengeance, voici ces nouvelles « de tous les dangers »… maintenant, comme aux premiers temps de la civilisation, les Forces du Mal et de la Nuit se déchaînent sur le monde !

François Truchaud
Ville d’Avray
26 Octobre 1987


Dos du livre :

«Nos pieds s'enfonçaient dans une couche de poussière qui n'avait pas été dérangée de­puis des ères inconcevables. Puis des marches cyclopéennes apparurent devant nous. Elles montaient et disparaissaient dans les ténèbres. Et nous vîmes une forme colossale au-dessus de nous, au sein des ombres. Le cœur battant, nous commençâmes à gravir les marches.
- Ces marches conduisent vers les étoiles, murmura le Hollandais. Les étoiles de l'enfer ! Je frissonnai. Il me sembla entendre le battement d'ailes gigantesques. Etait-ce Xultha, le dieu monstrueux qui régnait sur cette île mystérieuse... l'île des épouvantes ?«
Après Le manoir de la terreur, voici sept nouvelles de fantastique et d'heroic fantasy, ou la vision hallucinée du génial « Two-Gun Bob » !
Pour ce trente-deuxième REH chez NéO, toujours un univers cauchemardesque, glauque et hanté par l'horreur... maintenant, comme aux premiers temps de la civilisation, les Forces du Mal et de la Nuit se déchaînent sur le monde !
En attendant La.flamme de l'a vengeance...

Robert Ervin Howard est né en 1906 à Peaster (Texas). Il s'est suicidé en 1936. Quinze ans de création littéraire lui ont suffi pour devenir l'un des maîtres du fantastique et de l'heroic fantasy A l'exception des Conan (Lattès, puis J'Ai Lu), nous avons publié tout ce qui a été traduit de lui en français et nous continuerons : Le pacte noir, Kull le roi barbare, Solomon Kane, Le retour de Kane, L'homme noir, Bran Mak Morn, Cormac Mac Art, Agnès de Chastillon, El Borak l'invincible, El Borak le Redoutable, El Borak le Magnifique, El Borak l'Eternel, Wild Bill Clanton, Kirby O'Donnell, Cormac Fitzgeoffrey, Steve Harrison et le Maître des Morts, Steve Harrison et le talon d'argent, Vulmea le pirate noir, Sonya la Rouge, Les habitants des tombes, Le tertre maudit, Le chien de la mort, La main de la déesse noire, La route d'Azraël, Almuric, Le seigneur de Samarcande, Steve Costigan, Steve Costigan et le Signe du Serpent, Steve Costigan le champion, Dennis Dorgan, Le manoir de la terreur, trente et un volumes magiques et fous, inoubliables, tous traduits par le meilleur spécialiste de l'œuvre de Howard que nous ayons en France : François Truchaud, à qui nous devons également la connaissance de l'œuvre poétique et fantastique de Howard, parue en édition de grand luxe, chez Néo, sous le titre Chants de guerre et de mort.



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