Nouvelles Editions Oswald - Poings d'acier

Titre Original : The Iron Man, nouvelles

Collection : Fantastique - SF - Aventure n° 217
Date de Parution : Juin 1989
Traducteur : François Truchaud
Nombre de pages : 160
Couverture : Jean-Michel Nicollet


Sommaire du livre :



- François TRUCHAUD, Les Poings sur les i, Introduction
- Les Hommes de fer (The Iron Man), traduit par François TRUCHAUD
- Iron Mike Bennon (Iron Mike Bennon), traduit par François TRUCHAUD
- Ils remontent toujours sur le ring ! (They Always Come Back), traduit par François TRUCHAUD
- Les Poings du désert (Fists of the Desert), traduit par François TRUCHAUD
- La Peur de la foule (Crowd-Horror), traduit par François TRUCHAUD
- Le Saule pleureur (The Weeping Willow), traduit par François TRUCHAUD
- Le Crochet du droit (The Right Hook), traduit par François TRUCHAUD


Préface du livre :

Les poings sur les i

« Longue, âpre et sanglante est la route, avec le plus souvent la misère et un esprit obscurci par les coups à la fin de leur carrière, mais le rouge chapitre que leur clan a écrit dans les annales du noble art ne sera jamais effacé. »
Une phrase exemplaire qui met tout de suite dans l’ambiance le lecteur familier des aventures de Steve Costigan et de Dennis Dorgan ! Mais le ton est différent, sinon l’optique, puisque le présent volume rassemble des histoires de boxe sérieuse. En fait, c’est la continuation directe, ou le prolongement, du Rebelle, roman dans lequel le jeune Howard (Steve Costigan !) nous livrait ses « années-lumière », 1924-1928, en une magnifique confession. A la fin du livre, Steve partait sur les routes ; Howard, lui, reste à Cross Plains et continue d’écrire. Un moment déçu par Weird Tales – parutions irrégulières de ses histoires, lorsqu’elles sont acceptées, et paiement encore plus irrégulier ! – il se tourne vers de nouveaux genres, cherchant d’autres « marchés ». Et tout naturellement, il écrit des histoires de boxe. Là aussi, il connaîtra des échecs, avant le succès de Steve Costigan dans Fight Stories. Sur les sept textes de ce volume, trois seulement furent publiés de son vivant ; quatre furent réunis pour la première fois dans le recueil The Iron Man, publié par Donald M. Grant en 1976 ; et les deux dernières nouvelles paraissent pour la première fois dans le présent ouvrage. « Une route longue, âpre et sanglante »… Signalons au passage le très beau roman de W.R. Burnett, Iron Man, écrit en 1930 et publié en 1988 par les éditions de l’Ombre, un autre éclairage, superbe, sur le monde de la boxe.
Les hommes de fer (paru dans The Iron Man, déjà cité) est en fait un article, apparemment inachevé, dans lequel Howard proclame toute son admiration pour ces boxeurs invulnérables, les « iron men », qui ont fait la gloire du ring. Ce qui le fascine chez ces hommes, c’est leur capacité à encaisser les coups et à rester debout jusqu’à la fin du match. Et ces personnages réels lui serviront de modèles pour ses personnages à venir. Très vite, l’article devient une véritable histoire, trop courte, hélas !
Iron Mike Brennon (paru dans Fight Stories en juin 1930 et repris dans [/i]The Iron Man) reprend cette thématique et nous offre un magnifique portrait en pied d’un « homme de fer ». Signalons que son manager se prénomme Steve ( !) et que le début de l’histoire est identique à celui d’une histoire de Steve Costigan, [i]Les poings du cirque, paru en décembre 1931. Fight Stories avait déjà publié quatre histoires de Steve Costigan, de juillet 1929 à mai 1930, et c’est la cinquième nouvelle de REH à paraître dans cette revue. Mike Brennon est un véritable phénomène (un « freak » !) qui attire les foules pour une seule raison : combien de temps restera-t-il debout, face à des adversaires impitoyables, avant de s’écrouler ? C’est sans doute l’un des récits les plus durs de REH : boxeur au visage meurtri par les coups, promis à une déchéance irrémédiable. Et le super-combattant commence à craquer, à descendre la pente fatale. Cette histoire du ring se passe également hors du ring, avec le personnage de Marjory, et l’étrange passion de Mike pour l’argent (un mystère éclairci à la fin du récit). Une splendide réflexion sur la grandeur et la décadence du boxeur, seul sur le ring, sauvé par l’amour dans le cas présent. A noter un étonnant discours lyrique de Mike sur la pauvreté et son enfance malheureuse, dont le ton est proche de la nouvelle Le Moment suprême (in La flamme de la vengeance), et le nom de deux de ses adversaires : Kid Allisson (un personnage de REH !) et Sailor Steve Costigan, devenant « ‘Iron Mike » Costigan ! De l’humour chez Howard. Le récit est parsemé d’idées étonnantes, et le « happy end » des plus réjouissants. Nous avons gagné ce soir !
Ils remontent toujours sur le ring ! (paru dans The Iron Man) est un autre portrait de boxeur déchu et abruti par l’alcool. Le récit commence comme certaines aventures de Steve Costigan (le petit village mexicain, « l’enclos » et le premier combat) avec une magnifique présentation, physique et morale, des deux hommes – le boxeur, Jack Maloney, et le manager, Grendon, véritable « couple » du ring – dont Howard a le secret. C’est surtout l’histoire d’une « renaissance » et d’un « comeback » : Jack Maloney retrouve sa confiance en lui, sa fierté et son estime de soi, ou la boxe école de courage et d’énergie. Il se débarrasse des fantômes du passé qui le hantent, et nous sommes proches du fantastique par instants, comme dans L’apparition sur le ring, in La flamme de la vengeance. Maloney redevient un boxeur, mais surtout un homme. Comme toujours chez REH, la haine et la motivation principale de son personnage, haine attisée par Grendon grâce à plusieurs subterfuges. Une idée de génie : Iron Mike Brennon, le personnage principal du précédent récit, devient le « spectre » qui tourmente Jack Maloney, cause de sa déchéance ! Tout Howard est contenu dans cette nouvelle.
Les poings du désert (paru dans Dime Sports Magazine en avril 1936 sous le titre Iron-Jaw, titre original : Fists of the Desert) est tout aussi exemplaire du talent de REH. En quelques lignes, il brosse le portrait de Lyman, petit combinard minable, de Spike Sullivan, et surtout de Kirby Karnes, le « barbare du désert », trois hommes attendant un train dans une petite gare au milieu du désert. Un magnifique pré-générique ! Le récit est ponctué de la phrase « personne ne peut me mettre K.-O. ! », tel un leitmotiv obsédant, et nous avons un nouveau « couple » : Kirby le boxeur et John Reynolds le manager. A nouveau, c’est le dur apprentissage de la vie et de la boxe : s’accrocher, tenir, gravir l’échelle ou rester en bas ! Howard utilise un style haché, des phrases courtes, parfois sans verbe, pour donner un rythme saccadé au récit, avec des phrases typiques comme « pour arrêter certains hommes on doit les tuer », ou bien « Kirby Karnes avait un compte à régler ; comme le désert, il n’oubliait pas et ne pardonnait jamais. » L’histoire nous présente un match « truqué », ou une « combine » avec une « correction » évoquant irrésistiblement certains films américains, comme Nous avons gagné ce soir ou Plus dure sera la chute. Là aussi, les relations entre Kirby et John Reynolds sont très symboliques (psychanalytiques ?) : la jambe amputée de Reynolds et la blessure à l’aine de Kirby. Le boxeur se sent responsable et veut se racheter. Au cours du dernier combat titanesque (Rocky n’est pas loin !) qui oppose Kirby à Diego Lopez, un « homme des cavernes », un animal, le temps reflue et ramène Kirby vers une autre salle, un autre public, en une magnifique évocation. Par moments, l’ambiance urbaine est assez proche de certains récits policiers de Steve Harrison. Et la fin est superbement enlevée, un très beau récit de REH !
La peur de la foule (paru dans Argosy All-Story Weekly en juillet 1929) nous présente un autre couple boxeur-manager : Slade Costigan et Steve Palmer, une dichotomie révélatrice ! A nouveau, le magnifique portrait d’un combattant, d’un homme de fer à la mâchoire de granit. Son seul défaut : il a peur de la foule et perd la tête lorsque les spectateurs crient ! La foule détruit sa volonté et l’hypnotise, le tient sous son emprise. Nous ne sommes pas loin du fantastique. Mais Slade sera sauvé par une jeune fille, Gloria (un autre prénom cher à REH !) et par son « cri de guerre et d’amour » ! Nous avons droit à de superbes combats (Buffalo Gonzalez) et à une tirade très étonnante de la part de Slade… et de REH, puisqu’elle annonce, avec quelques années d’avance, sa nouvelle Nekht Semerkeht, in Le chien de la mort. « Laisse-moi partir comme j’ai vécu. Le jeu n’en vaut pas la chandelle. Le monde qui était le mien s’est écroulé autour de moi, et je suppose que je n’ai jamais eu vraiment de place ici-bas. » Et cette phrase : « La vie n’avait plus de sens pour lui, et il voulait la sacrifier glorieusement sur le ring. » Etonnante prescience de ce qui allait arriver, ou constante dans l’œuvre de REH ? Mais l’amour sera la plus fort, et nous avons droit à un « happy end », ce qui n’est pas fréquent chez Howard.
Le saule pleureur (première parution mondiale dans le présent recueil) nous offre une « détente » au milieu de ces histoires sérieuses, puisqu’il s’agit d’un récit tout à fait délirant, dans le style des Steve Costigan, à l’humour « hénaurme ». Cette nouvelle, écrite en 1928, fut envoyée à Fight Story et Argosy, et refusée par ces deux revues, comme L’apparition sur le ring, laquelle eut plus de chance et fut finalement acceptée par Ghost Story. Howard s’amuse, s’en donne à cœur joie et en rajoute : c’est le délire total, avec des phrases proches du nonsense et de l’absurde. Disons simplement qu’il s’agit d’une « bizarrerie lacrymale » d’un boxeur, managé par un certain Monk… Costigan (Argh !). Et cette phrase des plus inattendues de la part de REH : « Représentez-vous la Statue de la Liberté se mettant brusquement à chanter et à danser… » On dirait un cartoon de Tex Avery !
Le crochet du droit (première parution mondiale dans le présent recueil) fut, comme le précédent texte, écrit en 1928 et envoyé à Fight Story et Argosy, et refusé par ces deux revues, ce qui se comprend moins : l’humour dévastateur du Saule pleureur laissa sans doute perplexes certains rédacteurs en chef ! A nouveau un boxeur nommé Steve ( !) Harmer, obligé d’abandonner la boxe en plaine gloire en raison de sa « mâchoire de verre » ou de son « menton en faïence ». Il retourne au pays et constate que nul n’est prophète , comme dans La grande combine, l’une de deux histoires d’Ace Jessel, in La flamme de la vengeance. Il retrouve une jeune fille prénommée Gloria (Howard exagère par moments !) et par amour pour elle, il remontera sur le ring. Un texte des plus réjouissants, avec un « happy end » savoureux, et une phrase étonnante : « A quelles sources de puissance, profondes et cachées, Harmer puisa-t-il des forces… dans quelle cavernes inconnues et ignorées du cerveau et de l’esprit humain trouva-t-il une nouvelle énergie… il ne le saurait jamais ! » Même dans une histoire de facture classique, au détour d’une phrase, l’immense talent de REH explose brusquement, pour notre plus grand plaisir.
Le trente-cinquième REH chez NéO, et toujours le même punch ! Des héros selon le cœur de « Two-Gun Bob », l’homme qui met le lecteur K.-O. !

François Truchaud
Ville d’Avray
29 mai 1989


Dos du livre :

« Dès qu'il entendit la voix de Gloria, Slade tourna la tête vers son coin. Il aperçut le visage baigné de larmes de la jeune fille et ses yeux flamboyèrent. Gloria était revenue ! Elle ne le quitterait jamais plus ! Aussitôt il se lança dans une action terrifiante. Un tigre humain l'avait coincé contre les cordes. Il devait se dégager au plus vite, sinon c'était la défaite. Le menton ramené sur la poitrine, courbé en avant, il envoya des crochets courts et des directs puissants. Slade encaissait une quantité de coups, mais il en donnait également ! »

Retour au monde impitoyable de la boxe ! L'homme seul sur le ring, face à son adversaire, grandeur et décadence de boxeurs, sauvés par l'amour ou par leur seule énergie. Tuer ou être tué ! Des héros selon le cœur de « Two-Gun Bob », l'homme qui met le lecteur K.-O. !
Le trente-cinquième REH chez NéO, et toujours le même punch !
En attendant La tombe du dragon...

Robert Ervin Howard est né à Peaster (Texas) en 1906. II s'est suicide en 1936. Quinze ans de création littéraire lui ont suffi pour devenir l'un des maîtres du fantastique et de l'heroic fantasy.A l'exception des Conan (Lattes, puis J'Ai Lu), nous avons publié tout ce qui a été traduit de lui en français... et ce n'est pas fini : Le pacte noir. Kull le roi barbare, Solomon Kane, Le retour de Kane, L'homme noir, Bran Mak Morn, Cormac Mac Art, Agnès de Chastillon, El Borak l'Invincible, El Borak le Redoutable, El Borak le Magnifique, El Borak l'Eternel, Wild Bill Clanton, Kirbv O'Donnell, Cormac Fitzgeoffrev, Steve Harrison et le Maître des Morts, Steve Harrison et le talon d'argent, Vulmea le pirate noir, Sonya la Rouge, Les habitants des tombes, Le tertre maudit, Le chien de la mort, La main de la déesse noire, La route d'Azraël, Almuric, Le seigneur de Samarcande, Steve Costigan, Steve Costigan et le Signe du Serpent. Steve Costigan le champion, Dennis Dorgan, Le manoir de la terreur, L'île des épouvantes, la flamme de la vengeance, Le Rebelle, trente-quatre volumes magiques et fous, inoubliables, tous traduits par François Truchaud, le meilleur spécialiste de Howard, à qui nous devons également la traduction des poèmes fantastiques, Chants de guerre et de mort, parus à la fois en édition de grand luxe et en édition courante.